En remportant la 27e édition des Francouvertes lundi soir, l’autrice-compositrice-interprète Jeanne Côté a également remporté son concours de la dernière chance.
Après avoir soumis sa candidature à moult reprises au prestigieux concours-vitrine (en plus des autres concours qui ont jalonné son parcours), sa participation constituait cette année son chant du cygne compétitif. Et elle a bien fait de récidiver, sa détermination ayant porté ses fruits!
« C’était inespéré pour vrai! », lance la Gaspésienne d’origine de 28 ans en entrevue avec Métro au lendemain de sa victoire, dignement célébrée presque jusqu’à l’aurore au Quai des brumes, dans Le Plateau Mont-Royal, où elle vit à la lisière du Mile End.
« Je sais que ça va changer plein d’affaires. Je ne sais pas quoi, je ne sais pas comment encore, mais c’est ça qui est vertigineux, en fait. »
Victoire
Lorsque sa victoire a été déclarée, la pianiste native de Petite-Vallée semblait sans mot sur la scène du Club Soda, où elle avait joué ses mélodieuses chansons pop aux racines folk. Tirées de son album Suite pour personne, paru en janvier dernier, ces pièces envoûtantes et lumineuses ont fait honneur à sa magnifique voix, aussi claire que profonde. Une voix qui enveloppe.
Elle n’avait délibérément rien préparé, ne voulant pas se créer d’attentes question de se délester du stress ressenti en demi-finale. « Je me suis dit qu’on allait vivre le moment présent, une seconde à la fois finalement. Mais le concours a dépassé tout ce à quoi je pouvais m’attendre. »
Et sa prestation aura été « le highlight » de sa soirée, affirme-t-elle. « J’étais super détendue, j’ai eu du fun tout au long. Je m’étais mindée à profiter de chaque seconde de ma prestation parce que ça passe tellement vite, une demi-heure. »
Sur scène, l’éloquente titulaire d’un double DEC en littérature et en musique se plaît à raconter des perles de souvenirs.
Comme ce premier concours auquel elle a pris part en 2014, où un juge l’avait exhortée à éviter les répétitions. « Parler de ce premier concours là à ma dernière soirée de concours, je pense que c’est pas pire », dit Jeanne, rieuse.
Bribes de son histoire
De concert en concert, Jeanne continuera à ouvrir, avec humour et candeur, trouve-t-on, des fenêtres sur son histoire, car parler au monde, elle aime ça! Surtout dans les salles plus intimistes, où les chansons peuvent s’envoler comme un doux Vent d’ouest et caresser le cœur du public.
C’est pourquoi elle se réjouit tant d’avoir de surcroît remporté aux Francouvertes le Prix de la Tournée Réseau Scènes, qui l’entraînera dans six salles « qui se prêtent à écouter » de Sorel-Tracy, Saint-Eustache, Lavaltrie, Sainte-Geneviève, Longueuil et Salaberry-de-Valleyfield.
« Cette tournée correspond tout à fait à mes attentes. J’ai le feu de parler au monde. Amenez-moi faire des shows, ça me tente! », s’exclame la lumineuse Jeanne.
« Des gros bars où les gens jasent, c’est peut-être moins ma vibe… en même temps, j’ai du fun à les faire taire! », s’esclaffe la pianiste, qui n’hésiterait pas à baisser le ton afin de ramener l’attention sur ses mélodies.
Band soudé
L’artiste rêve de faire voyager ses chansons, de les promener à l’extérieur du Québec — des shows se dessinent même en France, mentionne-t-elle.
Cet été, elle les promènera notamment au Festival de la chanson de Tadoussac et au Festival BleuBleu à Carleton-sur-Mer. Route qu’elle ne fera pas sans le guitariste Zachary Boileau, la bassiste Agathe Dupéré et le batteur Arthur Bourdon-Durocher, son ami depuis « leur premier combo jazz au cégep ».
Jeanne se sent plus unie que jamais à ses fidèles complices, avec qui, la veille de la finale des Francouvertes, elle jouait à… Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie. Grosse fin de semaine!
« Ça nous a soudés ben raide, dit Jeanne. On était déjà de bons amis, mais faire 16 heures de char avant de jouer en finale, ça a contribué à notre vibe de band! »
Elle donnera en outre cet été des ateliers aux jeunes du Camp chanson de Petite-Vallée (où elle a elle-même séjourné sous l’égide des formateurs Patrice Michaud et Nelson Minville) aux côtés de sa sœur aînée, la musicienne Mathilde Côté, et de Manuel Gasse.
Les sœurs ont hérité du « gène de la pédagogie » de leur mère, Danielle Vaillancourt, qui a enseigné la musique toute sa vie, indique Jeanne. Soulignons que le paternel ne fait pas passion à part, étant nul autre que le directeur du Festival en chanson de Petite-Vallée, Alan Côté, également auteur-compositeur-interprète.
Mais ce n’est pas parce que Jeanne est « tombée dans la musique comme Obélix dans la potion » enfant qu’elle a passé son adolescence à étudier le répertoire de Gilles Vigneault, avait-elle blagué aux Francouvertes. « Moi aussi, j’ai tripé sur Mentir de Marie-Mai… Je le disais juste pas trop fort. »
Le temps d’écrire
L’autrice, que l’on pourrait apercevoir dans un café en train de regarder par la fenêtre en quête d’inspiration, a également hâte de profiter des « petits bouts » vides à l’horaire pour créer, car mine de rien, les chansons de Suite pour personne ont été écrites il y a un certain temps déjà.
Puisqu’elle gère sa carrière seule (pour l’instant, pressent-on), le volet administratif « grugeait beaucoup de temps », convient-elle. « Je n’en ai pas eu beaucoup pour écrire, et ça me gosse. J’ai hâte d’avoir du monde autour qui va me soutenir avec tout ça. Mais je pense que c’est bien parti! »
Elle s’accorde d’ailleurs aujourd’hui plus de liberté à l’écrit. « Avant, je travaillais une toune, et il fallait que ce soit la meilleure du premier coup… Ça faisait que j’écrivais pas beaucoup finalement! », pouffe Jeanne Côté, qui multiplie plutôt les textes afin de s’offrir du choix.
« Me permettre de me répéter, ça m’a aussi beaucoup aidée. Ça fait des chansons qui parlent beaucoup des mêmes affaires, mais je l’ai assumé pour cet album-là. »
Ses prochaines compositions naîtront certainement entre sa Gaspésie natale et son Montréal adoptif.
« J’ai besoin des deux maintenant : de l’effervescence de la ville et du monde, et d’être toute seule sur le bord de l’eau. Je vise plus un moitié-moitié éventuellement. Mais pour ça, ça va me prendre mon permis de conduire! », s’esclaffe-t-elle.