Débats

Le blues de la pandémie

Durant la pandémie et la crise sociale d’une telle ampleur, il faut se méfier de nos émotions et s’appuyer sur les autres encore plus que d’habitude.

Une pandémie est une tempête parfaite pour les difficultés psychologiques. Les informations stressantes, les contraintes, le confinement, les pertes de revenu…Notre résistance au stress et nos fragilités sont testées de toutes parts. À part l’anxiété de contamination et le sentiment de vivre une catastrophe mondiale, on est aussi sujets à développer le blues de la pandémie.

On combat le blues comme on peut

On essaie d’oublier notre blues en se lançant à fond dans le travail, les tâches domestiques, les divertissements en ligne ou l’alcool. Cependant, il serait plus efficace de trouver de nouvelles façons de combler nos besoins essentiels de réconfort, de stimulation sociale et d’accomplissement, car en temps normal, ce sont nos interactions sociales et nos accomplissements qui maintiennent notre motivation et notre optimisme.

La gestion d’une crise sociale comme une pandémie passe en outre par la gestion des perceptions et des émotions, et nous pouvons tous y contribuer.

Plusieurs devront gérer des poussées de détresse. La détresse peut s’installer quand on panique à propos de nos finances ou quand on souffre beaucoup de nos conditions de vie. Il faut porter attention aux signes de détresse des autres et aux nôtres. Il faut aussi surveiller les idées suicidaires. Comme dans tous les gros chocs socio-économiques, la détresse et la perte d’espoir provoqueront une augmentation des idées suicidaires chez les personnes à risque. Il faut se rappeler qu’il y a de l’aide à proximité si on fait un petit effort pour signaler qu’on en a besoin.

Que faire?

Cette crise est sans précédent et on peut vite avoir l’impression d’être dépassé. Mais on vit aussi une énorme vague de mobilisation, d’engagement et d’entraide qui favorise l’optimisme. La gestion d’une crise sociale comme une pandémie passe en outre par la gestion des perceptions et des émotions, et nous pouvons tous y contribuer. Nos sourires sont contagieux, notre générosité l’est aussi. Nous avons souvent plus d’influence sur notre entourage que nous ne le pensons.

Il est essentiel de développer un certain contrôle sur sa vie. Selon nos circonstances personnelles, on peut faire des listes des mesures à prendre et des habitudes à changer. Bref, profiter d’un contexte nouveau pour se remettre en question: nos déplacements, nos espaces, nos activités et nos interactions deviennent des thèmes à planifier au lieu de gestes automatiques.

On peut agir de bien des manières pour nous et pour les autres. Plusieurs innovent par des fêtes ou des spectacles en ligne et se parlent sur le balcon ou en ligne. D’autres aident les personnes les plus affectées avec un soutien financier ou émotionnel. On peut même rêver ensemble que certaines choses pourraient changer de façon durable, dont la circulation, la pollution, la consommation, le travail et les loisirs. La crise et ses bouleversements ouvrent des possibilités insoupçonnées pour repenser sa vie et la société autrement. En attendant, il faut se rappeler que nos efforts de distanciation sociale servent à acheter du temps pour intervenir et pour libérer des ressources dont nos proches auront peut-être besoin à court terme.

Dr François Richer est professeur en neuropsychologie à l’UQAM.


Le blues de la pandémie

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