Débats

L’échec Arruda

Frédéric Bérard

Je sais, je sais. Ça ne se fait pas. Parce qu’il travaille fort. Et qu’on l’aime. Mais le fait de bosser avec énergie, malheureusement, n’est pas l’apanage ni une garantie d’une quelconque performance, ni même compétence. Et sur l’amour témoigné… euh… qui embrasse trop mal étreint? L’écueil du sentiment éprouvé, ici comme ailleurs, réside effectivement en l’aphorisme connu: l’amour rend aveugle.

Or, s’il est vrai que les faits sont têtus, force est de conclure au désastre actuel. Bien entendu, la crise étant mondiale et la science incertaine, nul doute que l’indulgence collective envers nos dirigeants se veut actuellement galvanisée au max. Compréhensible et souhaitable. Mais l’excuse a ses limites, notamment:

«Justifier l’absence d’imposition du port du masque… par les chartes des droits. On serait curieux de voir les avis juridiques à cet effet, un gouvernement en temps de pandémie ayant assurément le pouvoir, même sans recours à la disposition dérogatoire.»

Malgré les excuses bien senties et collectivement acceptées, reste que le clip où il danse sur les paroles «on est chanceux d’avoir François Legault. Suspends TOUS mes droits je te donne le go» constitue la preuve d’une inquiétante promiscuité avec le politique, sans compter un incompréhensible manque de jugement. Un minimum de sobriété, entre autres par respect envers les victimes et leurs proches, aurait été de mise.

***

Je vous entends d’ici: tu ne ferais pas mieux, alors ta gueule! Évidemment, que je ne ferais pas mieux. Drôlement pire, même. Mais si mes étudiants me trouvent poche, vais-je plaider pour ma défense qu’ils seraient probablement encore plus mauvais que moi? En fait, la présente affaire confirme l’hypothèse suivante: en «politique», seul compte l’amour que les gens éprouvent pour toi, le sens critique s’évanouissant alors de lui-même. Même, ironiquement, quand l’heure est à la catastrophe.

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