À toi qui pleure souvent depuis quelques temps sans même savoir pourquoi. Toi qui voudrais tellement être un bon parent. Toi qui vivais déjà certains défis familiaux avant la crise pandémique, mais qui as vu le tout s’exacerber depuis quelques semaines. En ces temps d’incertitude, les jours, les heures, les minutes sont lourdes pour plusieurs parents du Québec.
Je pense aux parents dont les enfants ont des besoins particuliers.
Je pense aux pères et mères monoparentaux qui télétravaillent et qui tentent, entre deux appels conférences, de s’improviser professeur.
Aux familles nombreuses qui n’ont pas les outils informatiques pour rester connectées.
Je pense aux parents d’adolescents découragés, déprimés… peut-être même dépressifs.
Je pense à tous ceux qui ne se sentent pas à la hauteur, qui ressentent de la pression, de la fatigue et qui tentent tant bien que mal de répondre à l’impossible rôle qu’ils doivent actuellement porter.
«Quand j’ai choisi d’être parent, j’avais la certitude que je ne serais pas seule», m’a récemment dit une amie. Je pense aussi à toi qui es isolée et qui en porte beaucoup sur tes épaules.
Avoir un enfant est l’acte d’espoir le plus grand qu’il soit. Mais qu’en est-il de l’espoir aujourd’hui?
«Lâchez prise, ça va bien aller», nous a-t-on répété. Au début, ces phrases étaient amusantes, même inspirantes pour plusieurs. Aujourd’hui, nous le savons que ça ne va pas très bien pour tous. La détresse prend ses aises et s’enracine dans tellement de maisons. Il y a tant de parents qui ressentent un vide grandissant… Jusqu’à ce qu’un voisin, une tante ou un ami téléphone, nous écoute avec douceur et avec sincérité nous dit : «Bravo! Bravo pour ce que tu es et ce que tu fais. Tu es une bonne maman, un bon papa.»
Alors soudainement, le monde devient un peu plus lumineux. Un sourire accompagne une larme, peut-être. Parce qu’on a besoin de cette reconnaissance. De savoir que quelqu’un remarque notre dévouement, nos sacrifices et notre amour pour nos enfants et ce, même dans nos imperfections. Alors doucement, on recommence à dessiner des arcs-en-ciel avec nos jeunes. Pour eux, mais aussi un peu pour nous. Malgré nos craintes et nos préoccupations.
Le 1er juin est la Journée mondiale des parents. Une journée pour, collectivement, s’arrêter et remercier les mères et les pères de cœur, d’adoption, issus de familles nucléaires, monoparentales, recomposées ou homoparentales. Les parents sont les premiers et les principaux éducateurs de leurs enfants. Et si tous ensemble nous prenions soin des parents? Parce qu’en prenant soin d’eux, nous les aidons également à prendre soins de leurs jeunes et tout-petits. Et si l’espoir se cachait dans cette chaîne humaine de bienveillance?
Aujourd’hui, prenez le temps de féliciter ou de remercier des parents de votre entourage pour une action extraordinaire ou pour les gestes quotidiens qu’ils posent. Car oui, les parents du Québec méritent grandement de se faire dire : BRAVO LES PARENTS!
Marie-Eve Brunet Kitchen, Fédération québécoise des organismes communautaires Famille et mère de deux jeunes enfant