205 millions de vaccins ont été administrés partout dans le monde en date du 21 février 2021. De son côté, le Canada se retrouve au 21e pour le nombre de doses administrées (1 488 356) et au 40e rang pour ce qui est des doses administrées par 100 personnes (3,97). Un bilan lourd à porter, sachant que la campagne de vaccination au Canada a débuté avant celle de plusieurs pays, soit le 8 décembre 2020.
La dépendance médicale du Canada
Le bilan de vaccination canadien s’explique premièrement par son incapacité de recevoir les doses qu’il lui avait été promis, malgré le fait que le gouvernement ait : « […] signé des contrats avec sept sociétés différentes pour un total de 234 millions de doses ». En effet, Pfizer et Moderna ont annoncé des retards dans la livraison de doses, en raison ont-elles affirmé de l’agrandissement de leurs usines de production. Ces retards s’expliquent aussi par les politiques protectionnistes de certains pays, plus particulièrement celles des États-Unis, dont l’ancien et le nouveau président prônent le principe du America First. Cette politique interdit aux usines de Pfizer et Moderna d’exporter leurs vaccins au Canada avant que tous les Américain·e·s soient vaccinés. Quoique Pfizer et Moderna assurent que les 6 millions de doses prévues pour la fin mars seront livrées, cette situation s’apparente à la pénurie de masques, médicaments et d’équipements médicaux vécue au Québec au tout début de la première vague..
Une industrie nationale médicale sous-équipée
Sans surprise, les vagues de privatisations de laboratoires scientifiques au Canada à partir de 1980 se ressentent jusqu’à aujourd’hui. En effet, malgré les appels à l’instauration « d’une stratégie nationale d’immunisation » formulés entre autres en réaction aux précédentes épidémies du SARS et de H1N1, les politiques des dernières années ont limité les capacités productives et industrielles de vaccins du gouvernement fédéral, expliquant la faible capacité de production de vaccins contre la COVID-19 au Canada. Par conséquent, le gouvernement canadien a dû se tourner vers des fabricants étrangers, et ce même pour la production de vaccins au Canada. On recense notamment la tentative en mai dernier de produire le vaccin du fabricant chinois CanSino Biologics au Centre canadien de vaccinologie de l’Université Dalhousie, qui a échoué parce que les semences vaccinales, nécessaires aux essais cliniques et la production, n’ont jamais été envoyées par la Chine. Au même moment, des entreprises locales, comme PnuVax ou des centres de recherches comme celui que dirige le Dr. Gary Kobinger à l’Université Laval, n’ont pas bénéficié de fonds fédéraux pour leurs essais cliniques, ni pour une potentielle production de vaccins.
Le gouvernement canadien, victime d’une minimisation du risque que représentait une pandémie mondiale dans une économie globalisée, devient par conséquent «le seul pays du G7 à recevoir des doses par l’entremise de COVAX», un programme mis en place par l’OMS afin d’assurer la distribution équitable de vaccins entre tous les pays du globe.