LETTRE OUVERTE – Laissez-moi vous raconter l’histoire de Madame F. Résidente du quartier, elle tient une boutique d’antiquités sur l’artère commerciale depuis plus de vingt ans. Le p’tit coin de paradis de Madame F. est propice à toute sorte de rencontres, que ce soit avec Monsieur j’passais par là ou M’dame cherche un truc rare. C’est l’endroit idéal pour dénicher un trésor et recevoir un sourire chaleureux. Et puis la pandémie de COVID-19 a frappé. Les rencontres aléatoires à la boutique de Madame F. se sont transformées en visites restreintes avec rendez-vous. Mais Madame F. est résiliente, et il n’était pas question de mettre la clé sous la porte. C’est alors qu’elle s’est réinventée pour offrir la vente de ses antiquités en ligne. Maintenant, ce n’était plus seulement Élisabeth au coin de la rue qui pouvait recevoir un ensemble de vaisselle vintage, mais aussi Agniezska quelque part en Russie.
Dans les derniers jours, les résidents du quartier ont appris que le comptoir postal situé au sein du Jean Coutu du boulevard Monk à Ville-Émard était appelé à disparaître. Sans ce comptoir postal, Madame F. ne peut pas faire ses envois sans tracas plusieurs fois par semaine. Elle devra se déplacer dans un autre quartier. Mais Madame F. n’est pas seulement la brocante du coin; c’est aussi la maman d’Aicha qui m’explique que c’est le projet de toute une vie de sa mère qui est en péril (un projet qui porte d’ailleurs son nom). Le bureau Postes Canada du boulevard Monk n’est pas seulement essentiel pour Madame F. Ce l’est aussi pour Mme Tremblay qui récupère un colis envoyé par ses enfants pour Noël en provenance de la Gaspésie faute de pouvoir venir la visiter cette année. C’est pour Thomas, qui tient absolument à remettre sa lettre en mains propres au lutin secret du Père Noël travaillant sous couverture derrière le gigantesque comptoir. Pour Isabelle, pour qui les trajets en transport en commun sont source d’anxiété, et qui est dont bien soulagée de pouvoir poster sa lettre enregistrée au coin de la rue. Pour Amadou, qui envoie un peu d’argent à sa famille au Congo durant ces temps difficiles. Pour Stéphane, qui fait juste une commission pour son père à mobilité réduite tout en récupérant ses médicaments à la pharmacie du coin.
Le comptoir postal du boulevard Monk, c’est un service essentiel pour chaque résident.e de Ville-Émard. Petit ou grand. Jeune ou moins jeune. Il est impensable de s’en départir ainsi si facilement.
Et si vous voulez ajouter votre grain de sel à tout ça dans un élan solidaire, c’est en cliquant ici qu’on signe la pétition.
Vanessa Laflamme
Résidente du quartier et employée sur le boulevard Monk