Le milieu scolaire commence à s’intéresser sérieusement aux bienfaits de la méditation, au point où des formations seront offertes sous peu. Le point sur la question.
De Paris à Montréal, en passant par Abidjan, Genève et la Guadeloupe, le philosophe français Frédéric Lenoir a dirigé des ateliers philosophiques avec plus de 400 élèves du primaire partout dans la francophonie. Particularité: il a fait précéder ces séances d’une courte méditation, raconte-t-il dans Philosopher et méditer avec les enfants, récemment paru.
Lui-même adepte de la méditation «pleine présence», l’auteur assure que cette pratique est «extrêmement profitable» dans les classes. Les enseignants qui ont participé à son expérience en témoignent d’ailleurs dans le livre: «J’ai eu recours plusieurs fois à la méditation avec les élèves […] alors que je sentais qu’ils n’étaient pas prêts [à une activité] parce que trop agités ou dispersés, souligne Sophie Maire, de l’école Jacques-Prévert de Pézenas, dans le sud de la France. Le simple fait de faire un retour sur soi leur a permis de changer d’attitude en quelques minutes.»
La Fondation SEVE (Savoir être et vivre ensemble), mise sur pied par M. Lenoir pour former des animateurs capables de mener des ateliers de philosophie et de méditation dans les écoles, fera d’ailleurs ses premiers pas au Québec en 2017. Déjà, une première formation, étalée sur quatre week-ends, sera offerte ici de janvier à juin. «Nous avons pour objectif de former 100 personnes qui pourront ensuite guider les enseignants, précise-t-il. Je sais que beaucoup d’écoles manifestent leur intérêt», dit-il, ajoutant que les commissions scolaires n’ont pas encore été contactées pour le moment.
Des preuves
Les effets de la méditation commencent à être documentés, selon Frédéric Lenoir. «Globalement, on remarque deux effets concrets: la capacité de se calmer et de retrouver sa concentration», indique-t-il en entrevue. Les bienfaits sont si remarquables que «dans toutes les classes, j’ai pu constater qu’environ les deux tiers [des enfants avaient adopté la pratique de la méditation chez eux]».
La psychologue québécoise Catherine Malbœuf-Hurtubise, qui s’intéresse pour sa part à la «présence attentive» – la terminologie qu’elle privilégie de son côté – à l’école depuis le début de son parcours au doctorat, fait le même constat, avec quelques nuances. «Dans les classes ordinaires comme dans les classes spéciales, la présence attentive permet de mieux réguler les émotions, explique-t-elle. On remarque aussi une diminution de l’impulsivité, de l’agressivité et des symptômes d’anxiété et de dépression.»
Cela dit, la chercheuse souhaite aller encore plus loin. «C’est une approche relativement nouvelle, rappelle-t-elle. La recherche est prometteuse, mais préliminaire. On est encore à l’étape d’accumulation des données et on verra ce que ça suggère en matière d’efficacité.»
Mme Malbœuf-Hurtubise vient par ailleurs de publier un guide de méditation «clé en main» destiné aux enseignants. Dans Mission méditation, elle propose 15 activités basées sur la présence attentive et sur la psychologie positive. «Il n’y a pas de formule magique à suivre, avertit-elle néanmoins. On a en tête l’image stéréotypée de la méditation de groupe en cercle, mais ça peut aussi se faire alors que les élèves sont assis à leur bureau.»
Et les enseignants?
Catherine Malbœuf-Hurtubise estime que «l’idéal, c’est d’avoir sa propre pratique avant de l’implanter avec les jeunes, même si ce n’est pas un prérequis». D’ailleurs, elle mentionne que des recherches sont en cours pour déterminer les effets de la présence attentive chez les enseignants eux-mêmes.
En librairie
(Éditions Midi trente)
Catherine Malbœuf-Hurtubise et le professeur Éric Lacourse cosignent ce guide présentant différentes techniques de méditation basée sur la présence attentive à réaliser en classe ou à la maison.
(Albin Michel)
Frédéric Lenoir raconte dans cet essai l’expérience qu’il a menée dans des écoles de la francophonie, où il a dirigé des ateliers de philosophie et de méditation.
(Éditions Transcontinental)
Ce guide destiné aux 5 à 12 ans est devenu une sorte de classique dans le domaine. Des vidéos appelant au calme peuvent aussi être visionnées sur YouTube.
(Albin Michel)
L’éducateur sportif Jacques Choque propose 100 exercices inspirés du yoga pour favoriser la détente.