Dans un article du Devoir publié le 24 mai, des étudiants dénonçaient de nombreuses fautes de syntaxe et des contresens qu’ils avaient trouvés dans l’examen d’aptitude du Conseil médical du Canada, dont la réussite est pourtant essentielle à l’admission en résidence. Cette manchette alarmante montre que les besoins en traducteurs professionnels sont probablement encore plus importants qu’on ne le croit.
On y soulève, à titre d’exemple, la traduction du mot anglais tissue par «serviette hygiénique», alors qu’il aurait dû être traduit par «tissu néonatal», puisque la question d’examen portait sur l’interruption d’une grossesse. Il est pour le moins surprenant qu’un organisme aussi sérieux que le Conseil médical du Canada permette des aberrations de langage aussi évidentes dans le texte d’un examen officiel. Pour l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ), qui n’a d’ailleurs pas tardé à réagir, une seule explication est possible.
Au lieu d’utiliser les services d’un traducteur agréé, le Conseil a décidé de traduire lui-même son examen de l’anglais vers le français, sans une connaissance suffisante de la langue de Molière. nD’ailleurs, j’ai constaté que les sites internet d’organismes fédéraux, qui doivent légalement être offerts dans les deux langues, sont souvent rédigés dans un très bon anglais mais dans un français qu’il faut qualifier d’approximatif. C’est dommage, car cela donne l’impression que, pour plusieurs à l’ouest de la Gatineau, la langue française n’est qu’un fardeau à endurer et ne mérite pas les efforts qu’exige sa qualité.
Selon Emploi Avenir Québec, la demande pour les services de traducteurs agréés augmentera de 2 % par année jusqu’en 2012, alors que cette augmentation n’est que de 1,1 % pour l’ensemble des occupations. De plus, la moyenne d’âge des traducteurs est élevée et de nombreux départs à la retraite libéreront bientôt des postes. Le marché sera donc très accueillant pour les nouveaux diplômés en traduction, malgré que le nombre d’étudiants dans ce domaine ait augmenté depuis 1998. De toutes les occupations du domaine des langues, la traduction est de loin celle qui présente les perspectives d’emploi les plus encourageantes.
Ces perspectives ne tiennent pas compte, néanmoins, des besoins de traduction «escamotés» dont nous venons de discuter. Ces besoins de traduction ne débouchent pas sur une demande accrue de traducteurs agréés, les organismes choisissant d’autres façons de les combler. Les «vrais» besoins en traducteurs agréés seraient donc encore plus grands.
Formation
Il est possible d’étudier la traduction aux Universités Laval, de Montréal, Concordia et McGill, ainsi qu’à l’Université du Québec en Outaouais et à Trois-Rivières. L‘OTTIAQ dresse sur son site web la liste complète des formations permettant de devenir traducteur agréé.