Dans son rapport annuel déposé la semaine dernière, le vérificateur général, M. Renaud Lachance, remarquait que si le Québec a ouvert ses portes toutes grandes à l’immigration, il n’a aucune idée de la façon d’intégrer les nouveaux venus. M. Lachance déplorait également que le Ministère de l’Immigration et de la Citoyenneté ne possède aucune mesure lui permettant d’évaluer le degré d’intégration actuel des immigrants ou la capacité du Québec d’en intégrer davantage.
Les chiffres disponibles ne sont pas reluisants. En effet, le taux de chômage des nouveaux venus au Québec est de 13,7 %, presque le double de celui de la population générale. C’est aussi 3 % de plus que le taux de chômage des immigrants en Ontario et 2 % de plus que dans le reste du Canada.
D’ailleurs, dans les salons de l’emploi, les immigrants viennent souvent me parler de leur situation de chômage et de précarité. Pendant des mois, ces personnes formées et expérimentées ont fait des efforts titanesques pour trouver un emploi sans le moindre succès.
La prudence excessive des employeurs et le fait que la personne immigrante ne possède pas une formation reconnue sont des obstacles souvent insurmontables. Plusieurs m’ont exprimé leur ras-le-bol et m’ont dit qu’ils pensent retourner chez eux ou s’installer ailleurs au Canada. Nous avons attiré ces nouveaux venus à grands frais. Il serait bête de les laisser partir.
Comment donc assurer leur intégration et leur permettre de participer pleinement au marché de l’emploi? L’Ontario nous présente depuis quelques années déjà une piste de solution intéressante sous la forme de formations passerelles. Ces formations courtes (les Anglais les nomment bridging programs) permettent aux nouveaux venus expérimentés de faire le pontentre les compétences qu’ils possèdent déjà et celles requises par les employeurs d’ici. Par exemple, une formation passerelle existe en Ontario pour les pharmaciens formés à l’étranger.
Elle prépare à la passation de l’examen qu’il faut réussir pour y exercer cette profession. Ces passerelles fournissent aux immigrants un point d’ancrage qui les aidera par la suite à présenter une candidature efficace. Des formations passerelles similaires existent pour les infirmières, les enseignants, les technologues, les ingénieurs, les informaticiens et une vingtaine d’autres types de professionnels. La liste complète est disponible sur le site www.ontarioimmigration.ca/fr.
Et au Québec?
Au Québec, pour l’instant, on peut compter les formations passerelles sur les doigts d’une main.
- Les cégeps du Vieux Montréal, de Limoilou et de Granby offrent une formation passerelle pour les infirmières.
- Le Collège de Maisonneuve en offre une aux hygiénistes dentaires, et l’École de technologie supérieure, aux ingénieurs.
- Plusieurs autres devraient bientôt être offertes.