Le modèle d’affaires des grandes compagnies pharmaceutiques devient de plus en plus désuet. La pharmacogénomique pourrait un jour le relancer et préserver des emplois dans l’industrie pharmaceutique.
L’industrie pharmaceutique est à un tournant. L’époque du médicament de masse semble tirer à sa fin, et la recherche se tourne maintenant vers les médicaments personnalisés. Quelles en seront les conséquences pour l’emploi?
Le modèle d’affaires des compagnies pharmaceutiques est resté sensiblement le même depuis les années 1950. Il s’agit d’abord d’investir des milliards de dollars dans la création d’un nouveau médicament, puis d’attendre qu’il soit commercialisé à grande échelle et produise des revenus, lesquels viendront compenser les investissements qu’a nécessités son développement, en plus de générer de beaux profits.
C’est ce modèle simple qui a permis aux compagnies pharmaceutiques de devenir des géants et de créer de nombreux emplois. Au Québec seulement, presque 21 000 personnes, très souvent des diplômés universitaires, travaillent pour l’industrie pharmaceutique. Ce modèle est aujourd’hui remis en question. Pourquoi? D’abord, les chercheurs ne peuvent garantir que le médicament qu’ils développent sera efficace un jour; plusieurs ne le seront jamais, et l’investissement sera perdu. Ensuite, leur développement est devenu trop long et trop coûteux. Les bailleurs de fonds préfèrent donc investir ailleurs.
Les géants de l’industrie réagissent alors de façon prévisible : ils se regroupent, ce qui est mauvais pour l’emploi. Lorsque Pfizer et Wyeth ont fusionné, 6 000 emplois ont été perdus à travers le monde. On craint un phénomène semblable à Montréal.
Toutefois, un tout nouveau type de recherche apparaît qui pourrait ramener les beaux jours. Il s’agit de la pharmacogénomique. Cette nouvelle discipline s’intéresse à la création de médicaments adaptés aux gènes de chaque individu. Elle est si prometteuse que l’Université de Montréal lui a déjà dédié une chaire de recherche.
Comme le faisait valoir un article récent du Devoir, le système de santé gaspille des sommes colossales en achetant des médicaments produits à grande échelle qui sont souvent sans effet. Par exemple, 40 % des asthmatiques sont insensibles aux bétabloqueurs qui leur sont usuellement prescrits, car ils possèdent un gène qui rend ces produits inopérants. La pharmacogénomique pourra un jour créer une version personnalisée des bétabloqueurs efficace pour ces patients, éliminant ainsi le gaspillage.
La pharmacogénomique est donc pleine de promesse, dont la moindre n’est pas de relancer la production en versions multiples de nombreux médicaments. Pour l’instant, néanmoins, c’est la recherche qui doit avancer. Une occasion inestimable pour ceux qui s’intéressent aux sciences de la vie et sont prêts à de belles et longues études!
Il faut bien sûr commencer au premier cycle. L’Université de Sherbrooke propose trois baccalauréats qui fourniront une base solide en recherche pharmaceutique, soit les baccalauréats en biochimie de la santé, en chimie pharmaceutique et en pharmacologie. Ces bacs s’accompagnent de stages coopératifs. Ils ouvriront toutes grandes les portes de la maîtrise et du doctorat, qui demeureront nécessaires à ceux qui veulent entreprendre cette belle carrière.