Les jeunes choisissent mal leur formation universitaire. Lorsque les frais de scolarité augmenteront, il leur en coûtera trop cher de changer de programme. Voici la première de quatre chroniques sur la bonne gestion de sa formation.
Dans un article récent du New York Times («The True Calling That Wasn’t», 17 juillet 2010), la façon dont les jeunes, et bien souvent les moins jeunes, choisissent leur formation a été qualifiée de primitive. La plupart d’entre eux ne comprennent pas bien les options de formation qui leur sont offertes ni à quels emplois elles peuvent conduire. C’est souvent le premier choix adulte qu’ils ont à faire, mais ils ne connaissent pas pour autant les étapes d’un processus de choix. Surtout, ils n’ont pas en main les outils nécessaires ni l’aide dont ils auraient besoin.
Que font-ils alors ? Ils se basent sur les opinions de leurs pairs, une situation qui ressemble à un aveugle conduisant un autre aveugle. Certains s’inspirent de ce qu’ils pensent avoir appris d’un métier à la télévision, confondant la réalité et la fiction. Plusieurs autres prennent une décision de dernière minute, irréfléchie, au moment de faire leur demande d’admission. Faut-il se surprendre alors qu’un bon nombre d’entre eux décident de changer de programme? Ils ont découvert en cours de route que la formation à laquelle ils se sont inscrits ne leur convient pas!
En fait, les jeunes se disent souvent que leur choix de programme initial n’est pas trop important, puisqu’ils pourront toujours s’inscrire à une autre formation plus tard. La stratégie du changement de programme peut être considérée adéquate tant que les frais de scolarité du Québec sont les plus bas d’Amérique du Nord. Un changement de programme implique souvent d’allonger ses études de deux ou trois ans, mais à seulement 2 309 $ en moyenne par année, le coût supplémentaire peut encore paraître acceptable. Mais cela serait toujours le cas si nos frais de scolarité rejoignaient la moyenne canadienne de 4 942 $ par année scolaire, soit plus du double?
Le changement de programme augmenterait alors le coût total des études universitaires de 9 884 $ à 14 826 $. Cinq ans à l’université (au lieu de trois) coûteraient 24 710 $, sans compter les frais afférents et les frais de subsistance. C’est beaucoup lorsqu’on sait que 50 % des unités familiales au Québec gagnent moins de 39 000 $ par année. J’ai souvent eu à répondre aux questions de jeunes canadiens qui avaient changé de programme durant leurs études. Ils avaient accumulé des dettes effarantes (je ne m’étonnais même plus quand le montant s’élevait à plus de 50 000 $) qu’ils ne pouvaient aucunement rembourser. Ils me demandaient comment s’en sortir, mais ils demeuraient légalement responsables de leur dette, la faillite n’étant pas une option selon la loi avant 10 ans.
Les frais de scolarité universitaires sont condamnés à augmenter et peut-être bien à rejoindre la moyenne canadienne. Il est donc grand temps d’apprendre à bien choisir son programme de formation. La stratégie du changement de programme en cours de route va devenir bien trop onéreuse pour être justifiable.