La semaine dernière, les journaux ont fait état d’un rapport du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport concernant l’utilisation des nouvelles technologies dans les écoles secondaires. Cette nouvelle était troublante. On y apprenait que 32,8 % des ordinateurs installés dans les écoles secondaires ne sont pas reliés à l’internet, que 52,7 % ne peuvent utiliser le multimédia et que 51,2 % des enseignants du secondaire, de leur propre aveu, n’ont pas une maîtrise suffisante des nouvelles technologies pour les intégrer dans leur enseignement.
Cette situation inquiète évidemment bien des intervenants du milieu scolaire, qui sont conscients que les jeunes utilisent des outils technologiques de façon régulière. Pour ces enfants du début du 21e siècle, même l’ordinateur est en voie de devenir rétro : il est remplacé progressivement par les téléphones cellulaires ou d’autres outils portables qui sont aussi puissants que les ordinateurs d’il y a 10 ans.
Or, à l’école, on leur demande d’utiliser des dinosaures et d’apprendre uniquement en écoutant leur professeur, comme on le faisait au 19e siècle. Dans sa façon de faire, l’école accuse donc un retard technologique qui ne peut qu’amener les jeunes à questionner sa pertinence. Comment, se demanderont-ils avec raison, l’école me prépare-t-elle à l’avenir qui m’attend quand elle ne peut même pas adopter les technologies d’aujourd’hui?
Comme conseiller d’orientation qui désire préparer au marché du travail de demain, je me permets de poser la même question. La connaissance de base de l’utilisation des technologies est devenue (et notez bien que le verbe est au passé) aussi importante que les habiletés en lecture ou en arithmétique. On attend donc de tous ceux qui se présentent sur le marché de l’emploi qu’ils maîtrisent ces connaissances. Si ce n’est pas le cas, cela peut de toute évidence nuire à l’insertion en emploi.
Heureusement que les jeunes ne dépendent pas de leurs professeurs et savent s’initier aux nouveaux outils par eux-mêmes. D’ailleurs, ce sont souvent eux qui apprennent à leurs aînés comment se servir des technologies, un renversement des rôles amusant parfois. Ce qui demeure néanmoins troublant, c’est qu’il s’agit déjà d’une vieille histoire. Combien de rapports, de communiqués de presse, d’articles académiques ont été écrits au cours des 20 dernières années sur les effets du retard technologique de l’école? Ça ne se compte plus.
L’informatique personnelle existe depuis environ 30 ans, et l’internet fait partie de notre quotidien depuis maintenant 15 ans. C’est long déjà! Combien de temps faut-il donc à l’école pour s’adapter aux changements de notre société, alors qu’elle doit préparer les jeunes à l’affronter? À ce rythme, lorsqu’elle sera finalement prête à former au monde technologique de demain, il sera devenu le monde technologique d’hier. Ce serait vraiment être en retard, et pas à peu près.