Le dernier budget du ministre Bachand est venu le confirmer, les droits de scolarité augmenteront de 375 $ par année jusqu’en 2016. Ils auront alors atteint 3 793 $ par année, alors qu’ils ne sont que de 2 168 $ à l’heure actuelle. Comme il fallait s’y attendre, le patronat et les recteurs se sont réjouis de cette nouvelle, alors que les associations étudiantes montent aux barricades. Ces dernières affirment que si les universités amélioraient leur gestion, ces hausses de scolarité seraient inutiles (un argument qui n’est pas fallacieux, mais qui mériterait d’être chiffré). Elles accusent aussi le gouvernement de passer la facture de l’augmentation des coûts des études aux seuls étudiants, alors que la formation universitaire profite à toute la société.
Cette dernière affirmation mérite qu’on s’y attarde. En toute équité, les études universitaires devraient en effet être payées par ceux qui en profitent; cela tombe sous le sens. En fait, ces études profitent à la fois aux employeurs qui ont besoin d’une main-d’ouvre instruite pour maintenir ou créer des entreprises, à l’État qui percevra des impôts de ces entreprises et de leurs employés, et aux diplômés qui peuvent s’attendre à recevoir un meilleur salaire après leurs études universitaires qu’avant.
La question qui se pose est de savoir dans quelle proportion chacun de ces joueurs profite des études universitaires. On pourra alors conclure qu’ils devraient payer la facture de ces études à peu près dans les mêmes proportions. Seules des études à caractère économétrique pourraient y répondre. J’encourage les associations étudiantes à vérifier si ces études existent déjà; ils y trouveront peut-être de meilleurs arguments pour défendre leur position.
Néanmoins, deux arguments massue ont été mis de l’avant récemment en faveur de l’augmentation de la proportion que paient les étudiants. Le mieux connu est celui de la parité avec le reste du Canada. Même à 3 793 $ en 2016, les droits de scolarité du Québec seront bien en dessous de la moyenne canadienne de cette année, qui est de 5 138 $.
L’autre argument massue est que les droits de scolarité payés présentement par les étudiants ne représentent que 12,7 % des coûts réels de leurs études. Or, selon les organisations patronales, la scolarité perçue dans les autres provinces permet de couvrir en moyenne 25 % de ces coûts. En 2016, cette proportion sera toujours, au Québec, la plus petite du Canada à 16,9 %.
Est-il inconcevable de croire que les étudiants profitent de 25 % des bénéfices financiers de leurs diplômes? On continuera de répondre à cette question la semaine prochaine! Mais à première vue, cela signifierait que les employeurs et l’État devraient assumer environ 75 % des coûts de la formation universitaire. Présenté sous cet angle, cela paraît à tout le moins raisonnable, ne trouvez-vous pas ?
Ceux qui, malheureusement, font le moins leur part sont les entreprises. Il est temps de développer au Québec une culture de soutien de l’enseignement post-secondaire par le privé, comme on en trouve ailleurs en Amérique du Nord. Sinon, pourquoi écouter le point de vue de patrons qui ne s’impliquent pas?