L’Université McGill offrira un MBA dont les droits de scolarité seront de 29 500 $. La nouvelle a été confirmée par la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, la semaine dernière.
Le ministère s’était au départ opposé à la mise en place de ce nouveau MBA et avait imposé à l’université une amende de 2 M$. En effet, un établissement québécois ne peut pas fixer les droits de scolarité d’un programme comme bon lui semble.
Il doit s’en tenir aux règles établies, dont l’objectif est de favoriser l’accessibilité aux études. Or, il est certain qu’à ce tarif, ce ne sont pas tous les étudiants qui auront accès à ce programme.
Néanmoins, le ministère a déjà permis des dérogations dans le cas des EMBA (Executive MBA). Ces derniers s’adressent aux chefs d’entreprises. Pour ces programmes, le ministère a permis aux établissements de fixer eux-mêmes les droits de scolarité. Pour le EMBA conjoint HEC-McGill, par exemple, ils sont de 72 000 $.
Pour jouir de la même exemption, McGill a bâti son nouveau programme sur le même modèle. Le programme s’adressera aux gestionnaires dont les activités sont internationales. Des professeurs de partout dans le monde viendront répondre à leurs besoins particuliers de formation. Le programme ne recevra aucune subvention du ministère.
La situation de l’Université McGill est tout à fait particulière. Année après année, cette université se classe parmi les meilleures au monde. Ses compétiteurs sont de grandes universités américaines telles que Yale ou Princeton, dont les droits de scolarité sont élevés.
Cela leur permet d’offrir une rémunération généreuse aux meilleurs professeurs. Le ministère vient de donner à McGill les moyens de faire de même et de conserver sa position sur la scène internationale.
Les associations étudiantes s’opposent pourtant au nouveau MBA, parce que les droits de scolarité trop élevés le rendent inaccessible. Pour elles, toutes les personnes qui répondent aux exigences d’admission devraient pouvoir s’inscrire, peu importe leurs moyens financiers. C’est selon elles un droit que l’État doit assurer.
Par principe, celui qui tire les plus grands bénéfices d’un programme de formation devrait aussi en assumer la plupart des frais. Dans le cas de programmes spécialisés de très haut niveau, comme ce MBA, il n’y a pas de doute que c’est le diplômé qui en tirera le plus de bénéfices (meilleure position, rémunération supérieure).
Les étudiants inscrits en sont d’ailleurs très conscients, sinon ils n’accepteraient pas de débourser plusieurs dizaines de milliers de dollars.
Les bénéfices pour la collectivité sont au contraire quasi inexistants. Les diplômés paieront peut-être plus d’impôts, mais ils sont si peu nombreux que les bénéfices seront minimes. Dans ces circonstances précises, c’est donc justice que l’étudiant paie.