Formation et emplois

Adéquation formation-emploi : Changements majeurs en vue

Les ministres de l’Emploi, Julie Boulet, et de l’Éducation, Line Beauchamp, ont présenté 13 pistes d’action retenues lors de la consultation de la semaine dernière sur l’adéquation entre la formation et l’emploi. Ces idées n’ont pas pour but de révolutionner tout le réseau, selon elles, mais il faut bien admettre que certaines peuvent passablement le chambarder.

La première de ces pistes d’action dérangeantes consiste à donner à la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) le rôle de prioriser les besoins auxquels devront répondre les programmes de formation. Plusieurs participants à la consultation ont accueilli favorablement cette mesure, qui représente un changement majeur.

Jusqu’à maintenant, un nouveau programme n’avait besoin que de l’accord du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) avant d’être offert. Il devra dorénavant démontrer qu’il répond à des besoins de main-d’oeuvre ressentis par la CPMT, où les employeurs et les syndicats sont fortement représentés. Plus possible pour les commissions scolaires, comme le remarquait la ministre de l’Éducation, de proposer 300 nouveaux programmes dont plusieurs ne répondent pas aux besoins prioritaires du marché.

Les entreprises pourront donc compter sur une main-d’œuvre mieux formée, et les étudiants, sur des formations qui présentent de meilleurs débouchés. Il ne faudra toutefois pas négliger des formations valables conduisant à de petits marchés.

Par exemple, le marché de l’emploi des sommeliers est tout petit au Québec, mais les hôtels et les restaurants ont quand même besoin de personnel pour gérer leurs caves à vin. Il faut donc bien en former certains, même si ce n’est pas un besoin prioritaire.

Une autre mesure qui chamboule est la mise sur pied de centres de reconnaissance des acquis, où il sera possible d’obtenir une reconnaissance formelle pour des compétences acquises en emploi. Cela permettra aux adultes qui reviennent en formation d’être exemptés de cours dont ils n’ont pas besoin. Pour fonctionner, cette mesure exigera une flexibilité de l’offre de formation qui n’existe pas présentement.

En effet, le système d’éducation fonctionne par programmes et il est souvent impossible de piger seulement les cours dont on a besoin. D’autres mesures viendront, il faut l’espérer, offrir la flexibilité voulue, soit l’augmentation de l’offre de formation à distance, des DEC offerts par modules permettant d’acquérir une qualification  en plusieurs étapes et un meilleur soutien financier pour les étudiants à temps partiel. Il faudra voir comment l’organisation du travail dans les établissements d’enseignement s’adaptera (ou pas!) à des modes de formation flexible.

Il est plus aisé de garder ses compétences à jour dans un environnement facilitant plutôt que contraignant. Les travailleurs pourront se réjouir qu’une fois ces me-sures en place, il leur sera plus facile d’acquérir les compétences dont ils ont besoin.

13 pistes

  1. Meilleure utilisation des technologies de l’information pour favoriser la formation à distance et mieux desservir la clientèle en région;
  2. Priorisation des besoins de formation professionnelle et technique par la CPMT;
  3. Reconnaissance officielle de l’attestation d’études professionnelles (AEP) et accès à l’aide financière aux études;
  4. Information dynamique et proactive des citoyens, jeunes et adultes, sur les besoins du marché du travail et sur l’offre de formations permettant d’occuper les emplois disponibles;
  5. Soutien à la formation pour les PME, en favorisant des projets novateurs, notamment les mutuelles de formation;
  6. Projets pilotes dans les cégeps pour un nouveau programme d’études techniques proposant une démarche modulaire;
  7. Mise en place d’un guichet unique pour le citoyen en vue de reconnaître ses acquis et ses compétences, et début des travaux entre le MELS et la CPMT pour établir des critères de reconnaissance communs;  
  8. Mise en place de centres d’expertise;
  9. Mise en place d’un groupe de travail sur la persévérance en formation technique; 
  10. Instauration d’une porte d’entrée régionale pour les entreprises en matière de formation et de gestion de leur main-d’œuvre;
  11. Mobilisation des travailleurs et des entreprises relativement au développement des compétences de la main-d’œuvre, en appuyant l’initiative Investissement compétences de la CPMT;  
  12. Amélioration du soutien à la formation à temps partiel pour les personnes en emploi;
  13. Augmentation de l’offre de stages en entreprise et développement d’une banque de stages sur le site Placement en ligne.

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