Le terme «opportuniste» a souvent une connotation péjorative, quasiment synonyme d’imposteur.
Trop souvent, on est opportuniste au détriment des autres. Si vous détrônez le numéro un parce que celui-ci fait une dépression à la suite du décès de sa femme, c’est humain, mais peu glorieux.
J’encourage l’opportunisme qui exploite nos atouts plutôt que la faiblesse d’autrui. Il y a des gens beaux, d’autres manuels, des personnes empathiques, analytiques, matheuses, intellectuelles… L’important, c’est de connaître sa force tout en tenant compte de son environnement.
Donnons un exemple concret : la sortie de mon livre Comment réussir mon entrevue d’embauche (Les éditions Transcontinental), en 2006, a fait décoller ma carrière. Cependant, je ne me suis jamais réveillé en me disant : «Je vais écrire un livre.»
Ça s’est plutôt passé comme suit. À force de rencontrer des comptables en entrevue, j’avais remarqué que beaucoup étaient compétents, mais qu’ils ne savaient pas se vendre. J’ai alors vu l’occasion d’aider ces personnes tout en faisant de l’argent. Je ne suis pas mère Teresa non plus!
J’ai donc écrit le texte d’une formation de 25 pages expliquant les bases pour réussir une entrevue. J’ai mis une annonce dans le journal qui se résumait à : «Vous avez une entrevue demain? Laissez-moi vous coacher.» Ça a marché. J’ai donné des formations personnelles pendant six mois, mais je travaillais 80 heures par semaine… C’était trop, et mon métier de recruteur en souffrait. J’ai décidé d’arrêter pour me concentrer sur ma vocation première, mais sans jeter le document pour autant.
Un jour, mon ex m’a glissé l’idée de publier le texte de ma formation. J’ai approché plusieurs maisons d’édition et, après un long travail de perfectionnement du texte, moi, un parfait inconnu, ai été publié.
Ce livre m’a donné l’occasion d’écrire plusieurs articles pour divers médias, jusqu’au jour où le journal Métro m’a proposé de devenir chroniqueur. Depuis, cette médiatisation m’amène de nouvelles occasions, de la notoriété et contribue au succès de ma carrière.
Ces réalisations n’auraient probablement pas été possibles en France. Premièrement, j’ai ici moins de concurrents : 7 millions de Québécois contre 65 millions de Français. Deuxièmement, ma plume de maudit Français est appréciée au Québec. Cette force littéraire a été décuplée par l’environnement dans lequel je me trouve. Elle n’aurait pas eu le même impact dans l’Hexagone.
La victoire n’appartient qu’à celui qui sait la conserver. Si vous exploitez une occasion en écrasant une autre personne, votre gloire sera éphémère, car convoitée par celui à qui vous l’avez volée. Si vous êtes opportuniste avec un souci d’éthique, votre succès sera honorable et durable.