L’acupuncture fait partie des médecines alternatives qui tentent de soulager les gens autrement que par les médicaments. Rencontre avec des praticiens de différents horizons.
Profession parfois méconnue, parfois apeurante pour ceux qui ont la phobie des aiguilles, l’acupuncture guérit un nombre croissant de personnes.
Pendant une heure, le professionnel installe des aiguilles sur différentes zones du corps. La sélection de ces points se fonde sur une liste de symptômes perçus par le client. L’acupuncteur cartographie les soins grâce à un examen physique préalable.
Pour certaines affections, les acupuncteurs utilisent diverses méthodes de stimulation en plus des aiguilles, comme la chaleur, la pression, l’électricité et le rayon lumineux.
Plusieurs études cliniques montrent qu’un traitement prolongé peut soulager une pléthore de maux, dont la douleur chronique, les troubles respiratoires, les allergies, l’anxiété et l’insomnie.
Cela dit, on peut consulter pour obtenir un simple remontant, car la pratique favorise aussi les mécanismes de guérison naturels et l’autorégulation du corps.
Une école pour tous
Le Collège de Rosemont est l’unique établissement d’enseignement au Québec à offrir une formation en acupuncture reconnue. Celle-ci dure trois ans.
L’Ordre des acupuncteurs du Québec s’assure de départager les professionnels certifiés des charlatans. Il est possible de trouver un acupuncteur qualifié dans le répertoire de l’organisme. L’acupuncture est d’ailleurs la seule thérapie alternative régie par le gouvernement. Résultat: davantage de médecins sont enclins à prescrire les services d’un acupuncteur, et le public est mieux protégé.
Il y a 311 acupuncteurs actifs à Montréal
Marie-Frédérique Asselin a cumulé un baccalauréat en communication publique et une formation professorale de yoga avant de terminer ses études en acupuncture au Collège de Rosemont. Il lui manquait un outil plus puissant pour aider les gens à se guérir.
«Dans le système de santé actuel, les gens sont désinvestis de leur guérison. Ils continuent à obéir aux principes du mode de vie qui les blesse, sans trop comprendre», observe l’acupunctrice.
Au collège, il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. Environ 400 candidats sont invités à passer un test psychométrique pour être admis à la technique collégiale, mais seulement une quarantaine d’entre eux sont sélectionnés.
Le curriculum en acupuncture est robuste.
Plusieurs notions de médecine occidentale comme la pathologie et l’anatomie s’incorporent aux principes de la médecine chinoise traditionnelle.
Après quelques tests corporels sur soi, les étudiants commencent à appliquer leur pratique à la clinique-école du Collège de Rosemont en compagnie de superviseurs dès la quatrième session d’étude. La dernière année se déroule presque exclusivement sous forme de stages.
Vieille de 3000 ans, la pratique de l’acupuncture s’est grandement modernisée. «Les acupuncteurs sont vraiment ouverts à tout ce qui est scientifique. Ce sont des professionnels très cartésiens, bien loin de l’image ésotérique qu’on s’en fait», affirme Marie-Frédérique Asselin.
Comme tout travailleur autonome, les acupuncteurs doivent travailler fort pour se bâtir une clientèle. Cependant, leurs obligations professionnelles débordent moins dans la sphère personnelle, car la prise de notes et la gestion de dossiers peuvent se faire pendant le traitement.
Les honoraires pour une séance d’une heure oscillent entre 70 et 80$.
L’héritage chinois
Yun Zhang a fait ses études en Chine avant d’être reconnue par l’Ordre des acupuncteurs à son arrivée au Québec. Dans son pays natal, l’acupuncture est loin d’être une médecine alternative. Elle est prescrite au même titre qu’un médicament ou une radiographie. Il faut dire qu’en Chine l’acupuncture est couverte par l’assurance maladie.
Comme tout professionnel de la santé, l’acupuncteur est méthodique dans son approche.
Yun Zhang cultive tant le sens de l’accueil que la capacité à collecter de l’information.
«Le plan de traitement inclut plusieurs aspects de la médecine chinoise, comme l’automassage, les herbes, la nutrition et l’exercice. L’étude du corps permet de traiter les problèmes de santé, mais aussi de les prévenir», indique-t-elle.
La plupart de ses patients viennent dans sa clinique pour des problèmes de douleur chronique. La deuxième cause de consultation est l’anxiété, la dépression ou l’insomnie.
«L’acupuncture aide à équilibrer le système nerveux, le yin et le yang», dit-elle.
En Chine, les troubles le plus fréquemment traités sont le diabète, l’hypertension, voire le cancer. Le traitement étant couvert par l’assurance maladie, les gens font plus souvent appel au service.
«Ici, mes patients ne viennent me voir qu’une fois ou deux par an, alors je leur donne des devoirs à faire à la maison, comme des séances de massage ou des étirements», note Yun Zhang.