Vous hésitez entre deux carrières? Voici un petit état des lieux en matière d’emploi qui montre que les auspices sont généralement favorables dans l’ensemble des secteurs au Québec.
En décembre dernier, la Banque CIBC publiait une étude menée par son économiste en chef adjoint, Benjamin Tal, selon laquelle l’écart se creuserait entre métiers favorisés et défavorisés au Canada.
Selon les données recueillies pour cette étude, des métiers traditionnels, comme boucher, boulanger, travailleur de la fabrication, directeur et commis de bureau, ainsi qu’enseignant au primaire et au secondaire, présentent des signes d’un excédent de main-d’œuvre. A contrario, les emplois liés au domaine de la santé afficheraient une pénurie de travailleurs qualifiés.
«C’est dans les professions de la santé, dans l’industrie minière, dans la fabrication spécialisée et dans les services commerciaux que cette pénurie est de loin la plus criante. Ensemble, ces métiers accaparent 21 % du nombre total d’emplois au Canada. Un cinquième du marché du travail canadien présente actuellement des symptômes de pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Le taux de chômage moyen de ce bassin de métiers est à peine supérieur à 1 %, et le taux de croissance annuel de leurs salaires se situe à 3,9 %, soit plus du double du taux observé dans l’ensemble de l’économie», soutient M. Tal.
Et au Québec?
Si on pose notre regard sur la situation de l’emploi au Québec, il semble que le vieillissement de la population, plus important ici qu’ailleurs, jumelé au départ à la retraite des bébé-boumeurs, ouvre toutes grandes les portes du marché de l’emploi. En effet, la province comptera environ 700 000 postes à pourvoir pour la période 2012-2016, dont 520 000 découlant de départs à la retraite et 175 000 nouveaux emplois. Un peu comme si l’avenir était un grand buffet ouvert, à la fois varié et abondant.
En effet, les professions aux perspectives favorables, c’est-à-dire celles où la concurrence est faible pour occuper un poste, sont nombreuses. Et cela tant pour les diplômés du secondaire que pour ceux du collégial et de l’université.
C’est comme si les jeunes adultes qui s’interrogent sur leur avenir pouvaient laisser libre cours à leurs affinités et à leurs goûts sans se soucier des éventuels débouchés sur le marché de l’emploi. À condition, évidemment, de se donner une formation adéquate.
Cela se vérifierait dans l’ensemble des secteurs, hormis quelques-uns pour lesquels les perspectives sont qualifiées de restreintes, parce qu’on y trouve un surplus de main-d’œuvre. C’est notamment le cas des opérateurs de presse à imprimer et des techniciens de la pêche.
«Pour les diplômés universitaires, pas de souci, il n’y a aucune perspective défavorable!», se réjouit Louis-Philippe Tessier-Parent, économiste à Emploi-Québec. «Cependant, on forme encore des cohortes de journalistes, alors que le nombre de journaux ou de revues tend à diminuer et que les dirigeants des médias procèdent à de grosses réductions d’effectifs», diront les plus sceptiques à titre d’exemple. «Dans ce domaine, les perspectives sont jugées acceptables.
Il y a une raison à cela : on considère la probabilité de se trouver un emploi plutôt que la qualité de ce dernier. Dans plusieurs professions, dont celle-ci, on trouve fréquemment des postes à pourvoir», explique M. Tessier-Parent, qui précise que les sociologues, par exemple, dénichent un emploi (même si ce n’est pas nécessairement dans leur domaine) parce qu’ils ont acquis de bonnes capacités de recherche, d’écriture, de synthèse ou d’analyse.
«Selon les données de relance, c’est-à-dire les sondages effectués auprès des diplômés, il apparaît que les gens ne décrochent pas toujours un emploi connexe à leur formation, mais ils ne chôment pas. Et dans les sciences humaines, la relance est plutôt favorable», ajoute l’économiste.
Si l’offre d’emploi ne manque pas pour toutes les personnes qui feront l’effort d’acquérir une bonne formation afin de devenir employables, les conditions de travail, elles, seront peut-être de moins en moins bonnes. Donc, oui, le buffet est ouvert, abondant et varié, mais on ne sait pas toujours exactement ce qu’on va manger. Cela relève néanmoins d’un tout autre débat.
Résister à l’appel du marché du travail
Comme le marché du travail va relativement bien, plusieurs jeunes, peut-être attirés par les tentations consuméristes et la pression sociale, sont tentés d’abandonner leurs études pour aller sur le marché du travail, notamment dans le commerce de détail, où la demande demeure constante.
Or, soutient en substance M. Tessier-Parent, il y a là un piège, car les emplois les plus rémunérateurs exigent une formation supérieure au diplôme d’études secondaires. «Lorsque les cycles économiques vont moins bien, comme en temps de récession, ce sont ceux qui ont une formation plus longue qui chôment le moins. Cela leur sert de bouclier, en quelque sorte», conclut l’économiste Louis-Philippe Tessier-Parent d’Emploi-Québec, qui précise qu’on ne prévoit pas de récession à court terme, mais une faible croissance.
