Inventé en 1948 par le publicitaire américain Alex Osborne, le brainstorming (ou remue-méninges) tel qu’on le conçoit généralement ne fonctionnerait pas. Pourquoi?
Le concept du remue-méninges a été popularisé en 1948 par le livre à succès Your Creative Power, écrit par un publicitaire de renom, Alex Osborne.
Ce dernier a été le premier à édicter les règles de cette activité qui consiste à réunir des gens autour d’une table afin que ceux-ci émettent le plus d’idées possibles, sans craindre la critique ou le jugement des autres. De cette quantité d’idées pouvait jaillir, soutenait-il, l’idée du siècle. Les grands principes du brainstorming ont traversé le temps. En ce moment même, des gens enfermés dans des salles de conférence de tours de bureaux s’adonnent à l’exercice.
Or, cette conception du brainstorming ne fonctionnerait pas. En effet, il semble que faire germer les bonnes idées soit un art un peu plus complexe qu’un simple tour de table devant un tableau blanc. Et les premières études qui ont démontré l’inefficacité de la technique datent de… 1958!
De ces études, on peut aujourd’hui tirer deux conclusions : Osborne avait raison sur le fait que les gens accouchent de meilleures idées quand ils se regroupent, mais il se trompait sur tout le reste.
En fait, il faut plus qu’un remue-méninges classique pour créer les conditions gagnantes à l’innovation.
Tempête d’idées: quelques éléments à retenir
Il semble qu’il soit plus efficace de développer d’abord ses idées en solo, ou en petits groupes de deux ou trois personnes. La pression sociale fait en sorte que bien des gens sont intimidés par les grands groupes et préfèrent laisser les autres s’exprimer.
On organise un brainstorming que lorsque tout le monde a des idées en poche. Or, une fois «l’assemblée ouverte», oubliez le principe de suspendre son jugement, comme l’avait édicté Osborne. Des chercheurs ont plutôt démontré que c’est du débat que jaillissent les meilleures idées. C’est lorsque les idées des autres sont critiquées, mises à l’épreuve, réfutées ou enrichies que l’on peut aller au-delà des banalités, des évidences.
Favoriser la critique des idées des autres demande cependant une certaine ouverture de la part de tous. Seize étrangers risquent d’avoir un peu de réticence à juger leurs homologues. Voilà pourquoi les meilleures idées viennent de groupes dont les membres partagent entre eux une certaine intimité. Sans nécessairement avoir élevé les cochons ensemble, ils sont à tout le moins suffisamment à l’aise pour débattre de façon constructive.
Planifier une séance de brainstorming, c’est bien. Mais la créativité au sein d’une organisation fait partie des choses que l’on ne peut pas mettre à l’agenda. C’est dans l’air. Favoriser les échanges entre les gens, autour de la machine à café ou de la photocopieuse, partager des documents, des lectures, un bureau… C’est à n’importe quel moment, au contact des autres, que les idées apparaissent.