Vous travaillez sur un rapport pour la direction et vous ne cessez de penser que vous seriez tout aussi efficace chez vous plutôt qu’au bureau, le tracas du trafic en moins.
Le temps perdu dans les embouteillages pourrait même être mis à profit. Pourquoi votre employeur s’obstine-t-il à vous refuser cette pratique innovatrice et appréciable alors que plusieurs entreprises y ont recours?
Ce n’est pas si simple. Vous analysez votre situation, mais une entreprise ayant plusieurs employés ne peut faire du cas par cas.
Le système doit être sans faille et fonctionner dans son ensemble afin de ne pas compromettre la productivité du groupe. Je sais que vous êtes sérieux et que vous n’avez pas l’intention d’en profiter, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Pour certains, ce serait plutôt télé que travail.
Les multiples distractions qui sont à votre portée quand vous êtes à la maison ne sont pas les seuls freins à votre productivité. Votre internet est peut-être plus lent que celui du bureau. Votre travail pourrait être interrompu par le fait qu’un document essentiel est resté au bureau. L’expertise des collègues, dont dépend en partie votre rapport, est maintenant moins accessible. Votre isolement réduit la synergie du travail d’équipe. Si vous partez dans la mauvaise direction, vous perdrez peut-être une demi-journée avant que votre superviseur vous réaligne. Votre traitement de faveur sera envié, convoité et incompris par les employés dont les fonctions rendent la présence physique obligatoire.
Ces effets pervers doivent être résolus par l’employeur pour que le télétravail puisse être envisageable. Une entreprise qui offre le travail à distance a forcément investi beaucoup de ressources dans l’implantation opérationnelle et technique d’une telle méthode, car la communication entre vous, votre boss et l’équipe devient l’élément-clef du succès.
L’implantation touchera plusieurs départements, particulièrement les ressources humaines, les technologies et le management. L’entreprise devra se munir d’un intranet et d’un système de vidéoconférence, et fournir aux employés un ordinateur portable performant. Le zéro papier est conseillé. Votre superviseur devra organiser un calendrier de rencontres virtuelles et instaurer une méthode d’évaluation du travail pour s’assurer du maintien de votre performance. Les ressources humaines devront déterminer une charte de critères à respecter et analyser chaque poste afin de décider qui pourra rester chez soi et qui devra répondre présent… C’est un projet coûteux qui n’est pas accessible à toutes les entreprises.
Enfin, ce n’est pas parce que votre boss vous refuse le télétravail qu’il n’aimerait pas en bénéficier lui-même… si c’était possible.