Les Québécois auraient de plus en plus la bosse des affaires: 80% d’entre eux songent à lancer leur propre entreprise, selon un sondage de Kumon Canada. Mais si plusieurs caressent ce rêve, tous ne font pas encore le saut vers la concrétisation de leur projet entrepreneurial.
Le degré d’esprit d’entreprise des Québécois serait de 83%, 9 points au-dessus de la moyenne canadienne, selon le sondage réalisé par Angus Reid. Ils seraient 61% à choisir de fonder une entreprise s’ils perdaient leur emploi.
Il faut toutefois nuancer ces statistiques, car le goût de l’entrepreneuriat est bien différent de la création d’entreprise réelle ou encore de l’intention d’entreprendre. «Il faut se méfier des mirages», prévient Claude Ananou, professeur de management de HEC Montréal. Celui qui enseigne la création et la gestion d’entreprise dit cependant constater un plus grand intérêt pour l’entrepreneuriat au Québec.
Une preuve de cet intérêt est l’Indice entrepreneurial québécois, que publie chaque année la Fondation de l’entrepreneurship en collaboration avec l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale (IEBN). Depuis les débuts de cette mesure, en 2009, le nombre de Québécois ayant des intentions d’entreprendre est passé de 7% à un peu plus de 20% en 2015. La moitié d’entre eux entreprennent des démarches en vue de créer leur entreprise. «On est en train de voir un changement de culture au Québec, pense Gabriel Chirita, directeur de la recherche et du transfert de connaissances à l’IEBN. La création d’entreprise est passée de quelque chose qui était toléré à quelque chose qui est maintenant valorisé.»
Pour le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, ce changement d’attitude est une excellente nouvelle pour l’économie du Québec. «Les entrepreneurs cherchent à répondre à un besoin et ça crée de l’innovation, croit-il. À partir de l’innovation, on crée des entreprises qui grandissent.»
De la récession à l’économie nouvelle
Outre les initiatives de sensibilisation, des facteurs économiques permettent de comprendre un peu mieux la croissance des intentions d’entreprendre au cours des dernières années. Malgré des taux relativement modestes, la croissance économique a par exemple été constante dans la province depuis la fin de la récession. Le crash de 2008 aurait lui-même été un incitatif, selon Michel Leblanc. «Plusieurs personnes se sont posé des questions après avoir perdu leur emploi et ont pris goût à être leur propre patron», explique le président de la CCMM.
Le mouvement entrepreneurial dépasse cependant le Québec. La structure même de l’économie est en mutation, selon Gabriel Chirita. «Depuis une vingtaine d’années, il s’est développé ce que nous appelons une société entrepreneuriale, explique-t-il. Le travail salarié disparaît peu à peu.»
Il y a de plus en plus de travailleurs autonomes. Même les employés salariés sont de plus en plus appelés à devenir des travailleurs autonomes à l’intérieur de leur organisation, puisqu’on leur demande souvent de démarrer de nouveaux projets.
«On a passé cette étape de la valorisation», résume Claude Ananou, qui pense que les Québécois doivent maintenant adopter une mentalité de gagnant pour que les taux de concrétisation augmentent encore.
Célébrer les entrepreneurs
Cette semaine, on célèbre l’entrepreneuriat partout dans le monde. La Semaine mondiale de l’entrepreneuriat est aussi l’occasion d’assister à différents événements faisant la promotion de l’entrepreneuriat.
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