Environnement

Ces déchets nucléaires qui pourraient menacer l’eau potable de Montréal

L’autorisation potentielle de la construction d’un site de déchets nucléaires aux abords de la rivière des Outaouais inquiète la communauté avoisinante, mais elle pourrait aussi poser des problèmes pour l’eau potable de Montréal.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire doit déterminer si le projet est conforme ou non. Les Laboratoires Chalk River, un centre de recherche nucléaire, souhaitent construire un dépotoir à Deep River, en Ontario. Le site est situé aux abords de la rivière, et donc très près du Québec. Si elle est approuvée, la décharge géante mesurera 18 mètres et contiendra un million de tonnes de déchets radioactifs et de déchets dangereux.

Les citoyens craignent que les déchets radioactifs se rendent à l’eau.

Même en petites quantités, consommer des produits radioactifs peut être excessivement dangereux.

«Le site, sur le flanc d’une colline, est entouré sur trois côtés par des zones humides qui se déversent dans la rivière des Outaouais, à un kilomètre de là. La nappe phréatique se trouve à quelques centimètres sous la surface à cet endroit et le substratum rocheux est très fracturé», prévient la porte-parole de l’Association des propriétaires de chalets de Old Fort Wiliam, Johanna Echlin.

On ne pourrait pas trouver pire site pour ce dépotoir.

 Johanna Echlin, porte-parole de l’Association des propriétaires de chalets de Old Fort William

Si les craintes de l’Association se confirment, le projet pourrait poser un risque pour les municipalités qui tirent leur eau potable de la rivière des Outaouais. Le même risque plane sur celles, comme Montréal, qui pompent leur eau potable du fleuve.

Danger potentiel

Une partie des déchets nucléaires demeurerait radioactive pendant des milliers d’années. Le hic, c’est que la décharge dans laquelle ils seraient situés pourrait se détériorer en quelques centaines d’années, craint le Ralliement contre la pollution radioactive.

Une audience publique a été tenue sur le sujet le 22 février. Le Ralliement y a exposé que, selon son analyse, onze erreurs se trouveraient dans la présentation du projet par les Laboratoires Chalk River.

Parmi les déchets nucléaires qui se retrouveraient dans le dépotoir, on compte du cobalt-60, un isotope grandement radioactif. À elle seule, la substance serait responsable de 98% de la radioactivité du site. Les rayonnements gamma de la substance sont tellement intenses que, pour les contenir, une structure blindée en plomb est nécessaire.

Compte tenu du danger que représente la substance, le Ralliement demande que seules les sources de colbalt-60 ayant un faible niveau de radioactivité soient stockées dans le dépotoir. Aucun plutonium ne doit être stocké dans le dépotoir, demande-t-on également. En outre, seuls les déchets ayant un niveau de radioactivité faible devraient être enfouis.

Il s’agit tout simplement d’une proposition insensée, qui n’est absolument pas conforme aux normes internationales.

Ginette Charbonneau, porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive

Si le projet est approuvé, le dépotoir serait construit dans trois ans, et le stockage des déchets se ferait pendant 50 ans. Une période de 30 ans serait ensuite utilisée pour recouvrir puis fermer le dépotoir.

Montréal, Ottawa et Gatineau font partie des 140 municipalités qui ont adopté une résolution pour s’opposer à la tenue du projet. L’Assemblée des Premières Nations l’a également fait. Les consultations publiques concernant le projet doivent se poursuivre le 31 mai pour quelques jours. Des communautés autochtones, des représentants municipaux et des membres du public viendront y faire des présentations.

Nécessaire et sans danger

Les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC), qui gèrent les installations de Chalk River, persistent et signent: la construction d’un dépotoir est nécessaire. Sans cette installation, ils n’auront plus les moyens de gérer les volumes de déchets qu’ils génèrent. La contagion de l’eau s’avère peu probable, estime-t-on, notamment parce que le site se trouve à 50 mètres d’élévation par rapport à la rivière des Outaouais.

La technologie utilisée pour créer le dépotoir est soutenue par les plus récentes avancées scientifiques en ingénierie des décharges, soutient la directrice générale de la gestion des déchets des LNC, Meggan Vickerd. «Le système de couverture isolera les déchets, fournira une protection contre les rayonnements, une barrière contre les intrusions et empêchera les précipitations d’entrer en contact avec les déchets», a-t-elle expliqué, lors des audiences publiques du 22 février.

Selon des études scientifiques présentées par les LNC, le dépotoir répondrait aux exigences en matière de gestion de la radioactivité pour un minimum de 550 ans. «Notre modélisation nous montre que dans le cas extrêmement improbable où une contamination quitterait l’installation, il faudrait environ 7 à 12 ans pour traverser les eaux souterraines jusqu’à un ruisseau voisin et éventuellement atteindre la rivière des Outaouais», indique Mme Vickerd.

Les LNC ont assuré qu’ils allaient respecter les Premières Nations avoisinantes dans l’élaboration du projet.

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