Les travaux de la future unité d’ozonation à l’usine d’épuration des eaux usées de Rivière-des-Prairies devraient commencer sous peu. Si elle promet de réduire à terme plus de 99% des bactéries rejetées dans le fleuve, elle entraînera cependant le déversement de 13 M de mètres cube d’eau non traitée pendant sa construction, y compris l’eau des égouts sanitaires. Une situation qui rappelle le «flushgate» de 2015.
Un contrat de 93,2 M$ à l’entreprise Pomerleau pour la construction de l’usine d’ozonation située à la station d’épuration de l’eau J.-R.-Marcotte a été autorisé ce mercredi par le comité exécutif. Sa mise en service est prévue pour 2025.
Or, des débordements dans les cours d’eau lors d’importants épisodes de pluie ou de fonte des neiges sont prévus lors de la période de construction. La raison: la capacité de traitement de l’usine sera réduite pendant deux périodes de 6 mois d’ici avril 2024.
Maja Vodanovic, élue responsable de l’eau au comité exécutif, assure cependant que la situation ne serait cependant pas comparable à celle du «flushgate» de 2015. À l’époque, environ 4,8 M de mètres cubes d’eau usée avaient été déversés directement dans le fleuve sur une période de quatre jours.
«En 2015, c’était en continu, et c’était juste de l’eau usée. (…) Là, 65% va être de l’eau de pluie. C’est beaucoup plus dilué.»
Même si cela signifie tout de même que 4,5 M de mètres cubes d’eau usée se retrouveront bel et bien dans le fleuve, ces eaux seront déversées sur une période beaucoup plus longue.
La période de surverse est prévue entre le 1er novembre 2022 au 30 avril 2023, et du 1er novembre 2023 au 30 avril 2024. Durant cette période, les 13 M de mètres cubes d’eau seront déversés à certains moments de la journée, s’étendant sur 44 jours.
Réduire près de 100% des virus
Le procédé d’ozonation promet de réduire les bactéries qui se trouvent dans l’eau traitée rejetée à plus de 99,9% et les virus entériques de 96% à plus de 99%, selon la Ville. Ce serait 75% à 85% des résidus pharmaceutiques qui seront ainsi éliminés, à terme.
Dans ce contexte, les déversements attendus lors des travaux en valent la chandelle, croit Mme Vodanovic. «Ça va être tellement mieux après. À la sortie de l’usine, en ce moment, c’est un million de coliformes fécaux par 100 millilitres. À la fin des travaux, il y en aura juste 9000», illustre-t-elle.
L’usine de RDP traite présentement l’ensemble des eaux d’égout de Montréal et 45% des eaux domestiques de la province.
700 M$
Promis depuis plusieurs années, le projet d’unité d’ozonation des eaux usées avait été estimé à plus de 210 M$ en 2005 par l’administration de Gérald Tremblay.
Plusieurs années plus tard, le budget a dû être revu à la hausse. Il atteignait plus de 350 M$ sous l’administration Coderre. La livraison du projet avait été promise pour 2018, mais des «problèmes techniques» en avaient retardé la mise en service.
Le budget est aujourd’hui évalué à 696,2 M$. Un total de 8 contrats sont prévus pour l’ensemble du projet.
«Depuis il y a eu de l’inflation. Mais à part l’inflation, c’est aussi le défi technologique de l’installation. On est les premiers au monde à le faire d’une manière aussi large», soutient Mme Vodonovic.
La mairesse d’arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, Caroline Bourgeois, soutient dans une déclaration écrite que ce projet contribuera «à la protection de l’environnement et de notre écosystème marin», ajoutant que «la station J-R Marcotte deviendra à terme, cheffe de file en matière de désinfection des eaux usées à l’ozone.»