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L’alcool stimule l’appétit ?

L'appétit est-elle réveillée par votre consommation d'alcool?

À chaque fois que vous buvez, une envie de pizza se réveille?

Plusieurs personnes se souviennent du grand plaisir ressenti par un repas pris au milieu de la nuit, après une longue soirée dans un bar. Est-ce l’effet de l’alcool, de la fatigue ou de l’heure inhabituelle ? Le Détecteur de rumeurs et l’OSS ont passé une nuit là-dessus.

Une bonne partie de la difficulté à établir si l’alcool stimule bel et bien l’appétit est qu’il faut d’abord se demander de quel type d’alcool on parle. Plus ou moins sucré ? Plus ou moins concentré ? L’un ou l’autre de ces aspects peut inhiber ou stimuler l’appétit. Il faut ajouter à cela l’historique de la personne : si celle-ci est habituée à associer le vin rouge à un bon repas, elle sera peut-être prédisposée à manger tout en buvant ; si le champagne est associé à une occasion spéciale, comme le passage du Nouvel An, elle n’est peut-être pas portée à vouloir manger en même temps.

Un certain nombre d’études ont tenté de vérifier si l’alcool était en effet un orexigène, le terme médical pour toute substance capable d’augmenter l’appétit. Les méthodes utilisées par ces chercheurs varient d’une étude à l’autre, mais leur idée centrale est la même. On donne à des participants un breuvage, alcoolique ou non, et on observe les calories consommées lors du repas subséquent, la faim que ces participants rapportent avant, durant et après le repas, de même que leur satisfaction et satiété.

Les meilleures études sur ce sujet essaient de s’assurer que leurs participants ne savent pas s’ils ont reçu un breuvage alcoolisé ou non, mais pour des raisons évidentes, ça représente un défi. La stratégie la plus commune semble être de comparer une bière sans alcool à la même bière à laquelle on a ajouté de l’éthanol, afin que leurs goûts soient semblables.

Résultat : il existe de bonnes données scientifiques démontrant que la consommation d’alcool augmente la faim, mais seulement lorsqu’on a commencé à manger. Dans les études où l’on demande aux participants d’évaluer leur faim tout au long de l’expérience, les chercheurs rapportent que l’appétit est évalué « en hausse » après le début du repas et suivant la consommation d’alcool. Par contre, l’appétit n’augmente pas après avoir bu l’alcool, mais avant d’entamer le repas. Autrement dit, l’alcool n’augmenterait pas le sentiment d’avoir faim en général, mais l’augmenterait une fois qu’on a commencé à manger.

Cela dit, les effets de l’alcool semblent être complexes et variables. Par exemple, une étude, en 2001, portant sur 14 personnes, suggérait que l’alcool inhibait la sécrétion de leptine, une hormone en partie responsable d’inhiber la faim. À l’inverse, une autre, en 2005, portant sur huit personnes, suggérait que l’alcool diminuait la production de ghréline, une hormone de l’estomac appelée « hormone de la faim » parce qu’elle stimule l’appétit.

Une chose semble certaine, les calories provenant de l’éthanol ne donnent pas la même sensation de satiété que les calories dérivées des glucides, des gras ou des protéines. C’est la raison pour laquelle plusieurs études montrent que les gens ne changent pas leurs habitudes alimentaires malgré les calories ingérées via des boissons alcoolisées. Ces calories peuvent donc s’additionner aux calories de nos repas, ce qui peut mener à des gains de poids.

Parmi ceux qui croient que l’alcool fait manger davantage, l’explication simple est qu’un bon verre ferait tomber notre autodiscipline. Plusieurs études scientifiques ont essayé de tester cette hypothèse, en vain. On peut d’ailleurs citer la conclusion de cet article de synthèse publié en 2010 : « les données empiriques voulant que les effets de l’alcool dépendent du statut d’inhibition ne sont pas appuyées fortement par la littérature actuelle. »

Et qu’en est-il de l’idée que l’alcool donnerait un meilleur goût à la nourriture ? Il y a, en effet, un phénomène appelé l’effet apéritif : au début d’un repas, les gens disent avoir plus faim s’ils trouvent que la nourriture a bon goût. Est-ce que l’alcool contribue à ce phénomène en améliorant le goût de la nourriture ? Des chercheurs ont tenté de le mesurer, mais dans les études où l’on mesure l’appétence, aucune différence n’est rapportée entre le groupe qui boit de l’alcool et le groupe contrôle.

Ces études sur l’alcool et l’appétit peuvent être influencées — comme toutes les autres recherches — par une panoplie d’autres facteurs. Certaines études rapportent par exemple une corrélation positive entre l’indice de masse corporelle ou d’autres mesures d’obésité et la consommation d’alcool. D’autres soulignent que les indices de masse corporelle élevés sont associés à la fois à la consommation excessive d’alcool et à sa non-consommation et rapportent une absence d’association avec la consommation modérée de boissons alcooliques. Des études ciblant les femmes ont même rapporté qu’une consommation élevée d’alcool était associée à des niveaux réduits de gras corporel.

Enfin, il est également possible que le choix particulier des boissons, la fréquence de la consommation, le fait ou non de boire énormément jusqu’à l’ivresse, ou la qualité du sommeil ou de l’alimentation, aient une influence sur les résultats.

Verdict

Bien qu’il soit tentant de pointer l’alcool comme le responsable de nos repas un peu trop riches, et bien que certaines données aillent dans cette direction, la littérature scientifique a bien du mal à s’entendre entre les multiples facteurs en cause.

Cet article est une adaptation du texte en anglais de Ada McVean publié sur le site de l’Organisation pour la science et la société de l’Université McGill et par le magazine Skeptical Inquirer.

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