CHRONIQUE – Montréal accueille ces jours-ci la COP15 et, comme avec toutes les autres sortes de cops, on n’a pas énormément confiance. ACAB (All Conférences des parties Are Bullshit)?
Le déclin de la biodiversité est un enjeu environnemental aussi important que les changements climatiques et, comme ces derniers, il est directement lié à l’activité humaine. (Ben oui, c’est notre faute! Faudrait arrêter de prendre nos jets privés pour tout et pour rien.) Pourtant, on en parle beaucoup moins, probablement parce qu’une photo de la dernière phodile de Prigogine en train d’agoniser pogne vraiment peu de likes sur Instagram.
Il faut dire que ce sont toujours des animaux qui vivent dans une forêt lointaine ou dans un marais brun qui semblent disparaître, et jamais les trois écureuils noirs psychopathes qui grugent le plastique de notre bac de recyclage. (Ceux-là vont survivre à tout, ce sont les tardigrades des balcons montréalais.)
Sur les huit millions d’espèces vivantes connues, plus d’un million est menacé d’extinction. La sixième extinction de masse est bel et bien en cours depuis un bon moment, mais ne vous inquiétez pas: les mêmes institutions qui n’ont pas fait grand-chose jusqu’à présent n’ont qu’à prendre une série de mesures hyperambitieuses demandant de revoir entièrement le mode de vie uniquement des individus sans mettre en cause les agissements des grandes corporations, pis toute va bien aller!
Pour les aider, voici quelques idées de mesures à adopter pour sauver la vie sur Terre. Parce que ce serait quand même cool. On trouve. Mais ça, c’est juste nous.
Mesure 1: quand un puissant échoue à protéger une espèce animale, on envoie les derniers spécimens chez lui
Tu veux prendre ton bain? Impossible: y a le dernier béluga dedans. Tu veux écouter un film tranquille? Désolé, y a 50 rainettes faux-grillon dans ton salon maintenant. T’avais juste à pas bâtir ta tour à condos sur un milieu humide.
Mesure 2: créer le plus ennuyant des Parcs jurassiques
Il est clair que la science, ça ne fait pas tripper les décideurs. Peut-être seront-ils plus réceptifs à la science-fiction? Vendons-leur l’idée d’une île dans le Pacifique où on va cloner «des animaux disparus». Mais plutôt que de cloner des dinosaures, clonons des noctophiles de Lord Howe (une chauve-souris disparue en 2020) et des poissons chats gras (RIP en 2022).
Mesure 3: une aire protégée… où on met les milliardaires
La COP15 a l’objectif de protéger 30% des milieux naturels terrestres et marins d’ici 2030. C’est bien. Mais on les protège contre qui ou quoi, en fait? Si le président de Pétrole et Bitume inc. n’est pas là pour dire «Hey! Pis si on mettait une plateforme de forage drette dans un blanchon?», le problème se règle de lui-même. (Oui, on aurait aussi pu simplement dire «eat the rich», mais on essaie de manger moins de viande.)
On a une dernière mesure, pour nous cette fois: se rappeler. Se rappeler que même si c’est important de sortir son recyclage, il faut refuser qu’on réduise la lutte environnementale à une série de petits gestes individuels. Se rappeler des premiers ministres qui ajoutent toujours un «mais…» quand ils parlent d’environnement. Se rappeler de ne pas oublier notre pancarte, des p’tites collations pis une trousse de premiers soins pour la révolution. Se rappeler aussi d’envoyer une lettre de condoléances à mère Nature pour quand on va avoir exterminé le dernier gypaète barbu.
Pour ceux qui se demandent : le rhinopithèque du Yunnan est un singe de la famille des Cercopithecidae. L’espèce est en voie de disparition.