J’ai découvert la boulangerie Marguerita à l’époque où j’étais chef au défunt Misto sur le Plateau. J’ai connu son propriétaire, Peter Petrella, puisqu’il nous livrait lui-même son pain quotidiennement.
La boulangerie, qui a pignon sur la rue Clark depuis plus de 100 ans, a la réputation de faire la meilleure miche de l’île. Son pain n’a effectivement pas d’égal. Sa croûte est franchement croustillante et sa mie a la texture des nuages. Bref, elle est parfaite, jusque dans son arôme. Ce n’est pas pour rien que la boulangerie fournit de nombreuses institutions montréalaises, qu’il s’agisse de restos, d’hôtels ou d’épiceries, comme le fameux Marché Adonis.
En plus de la livraison, Peter fait tout. Son pain, il le pétrit et le cuit, puis les chiffres, c’est lui qui les comptabilise. «Comme on dirait en anglais, je suis un gars qui porte plusieurs chapeaux», me rétorque-t-il, tout sourire derrière son comptoir, quand je lui demande s’il est toujours aussi actif.
Ce n’est pas nécessairement évident quand on regarde la façade, mais il y a une petite boutique à l’avant de la boulangerie, qui est accessible au public. On peut s’y procurer pains frais et viennoiseries, calzones généreux et pizzas de toutes sortes (celle aux artichauts est vraiment top), mais surtout, le plat qui fait la réputation de la place, la fameuse pizza aux tomates.
Vous savez, la pizza carrée avec une croûte épaisse? Oui, celle-là. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais de la pizza aux tomates, j’en ai mangé dans ma vie. Et celle du Marguerita est tout simplement supérieure.
Jeune, quand j’ai commencé à dîner seul à la maison, la pizza aux tomates du supermarché était un choix évident : facile à préparer, consistante et pas chère. Quand j’ai maîtrisé l’art de la faire chauffer moi-même au four grille-pain, j’ai commencé à explorer les garnitures : tranches de baloney, fromage orange douteux, tout y allait. Parfois avec succès, parfois moins. On pourrait même dire que la pizza aux tomates a été le premier canevas de ma créativité culinaire… ou pas. Une chose est certaine, c’est que celle du Marguerita se mange plain. Pas d’artifices.
Détour obligé pour tout gastronome montréalais, le Marguerita est plus qu’une boulangerie : c’est une institution. La bâtisse faisait partie de la Petite Italie bien avant qu’on surnomme le quartier ainsi. En plus de sentir le pain frais, on ressent l’âme qui habite les lieux en y mettant les pieds. Impossible de ne pas avoir une pensée pour les fiers boulangers qui ont préparé des centaines de milliers de miches ici au cours du dernier siècle.
Encore à ce jour, je ne manque pas d’aller saluer Peter quand je suis dans le coin et, du coup, me faire un fix de pizza aux tomates. On souhaite au patron de prendre le temps de se reposer un peu et à sa boulangerie d’être encore ouverte pour un autre 100 ans.
En bref
Heures d’ouverture: Lundi 9 h à 18 h – Mardi au vendredi 7 h à 18 h – Samedi 7 h à 18 h Dimanche Fermé
Année d’ouverture: 1910
Âge vénérable du four à pain: 107 ans! Peter le démarre encore une fois de temps en temps, quand ils sont dans le jus.
On peut manger sur place? Non
Salle de bain? Non
Carte de débit/crédit? Non
Service impeccable? Oui
Commentaire inutile à m’envoyer: «La pizza aux tomates de la boulangerie Capri est meilleure» –La Clique de l’Est.
Boulangerie Marguerita
6505, rue Clark