À table

Boules roses du village gai: une belle leçon de persévérance

Je me souviens comme si c’était hier d’une entrevue que j’ai réalisée il y a déjà plus de quatre ans avec l’architecte de paysage Claude Cormier, alors qu’il terminait l’installation de ses 170 000 boules roses dans le village gai.

«Ç’a été l’enfer, ce projet-là», m’avait-il confié dès les premières minutes de notre entretien. Il m’avait expliqué, par la suite, tous les combats qu’il avait dû entreprendre auprès des autorités pour faire approuver son concept de boules suspendues. Nommez une excuse: Claude Cormier l’a entendue. Ça va distraire les automobilistes. Ça va compliquer la vie des pompiers en cas d’incendie. Le rose va renforcer les clichés envers les homosexuels. Bref, il aurait eu toutes les raisons du monde de se laisser décourager à force de se battre contre vents et marées.

Mais Claude Cormier croyait fermement en son concept. Il était convaincu que l’idée avait le potentiel de faire rayonner le village gai partout sur la planète, et ce, pour moins de 500 000$, doit-on le rappeler.

Eh bien, avec un peu de recul, l’architecte de paysage peut dire mission accomplie. Ses boules roses se sont mérité des dizaines et des dizaines de reportages dans divers médias de masse et magazines spécialisés, de la Chine à la Turquie.

Son installation a décroché de nombreux prix de design canadiens et internationaux, alors qu’elle se trouvait en compétition contre d’ambitieuses réalisations de plusieurs millions de dollars.

On ne compte plus les autobus bondés de touristes qui effectuent un arrêt, coin Amherst et Sainte-Catherine, pour permettre aux voyageurs de se faire prendre en photo sous ce champ de rose.

Même les plus récentes éditions du guide de voyage Ulysse de Montréal, l’Essentiel des Éditions Nomades, ainsi que l’annuaire Pages Jaunes de l’arrondissement de Ville-Marie, ont pris soin de réserver leur page couverture à cette nouvelle image de marque de la métropole.

Mais après quatre ans, le village se demande si l’installation n’a pas fait son temps, malgré son succès populaire. Les boules de plastique sont fatiguées. Le soleil et la pollution atmosphérique ont déjà eu raison de certaines d’entre elles. Poursuivre l’aventure au-delà de cet été impliquerait donc un investissement important, ce qui force inévitablement une réflexion au sein de la Société de développement commercial du secteur.

Serait-ce le moment de changer de couleur, de forme, ou peut-être même de concept?

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