À table

Le gros bon sens

Ridicule, absurde, frustrant… Je ne sais plus comment qualifier cette photo devenue virale, sur laquelle on voit une des principales rues de notre joyau patrimonial, le Vieux-Montréal, défigurée par une longue cicatrice asphaltée.

Et à lire les nombreux commentaires qui circulent depuis quelques jours sur les médias sociaux, je ne suis visiblement pas le seul à être tombé en bas de ma chaise en voyant cette abominable «patch» de bitume dans un des plus importants sites touristiques de notre métropole. Le spectacle est désolant.

Mais bon, rappelons tout d’abord les faits. À la demande de la Ville de Montréal, Gaz Métro a sorti le pic et la pelle au début du mois pour excaver sous la rue Saint-Paul. Le but: effectuer une remise à niveau de ses installations en vue de la réfection complète de l’artère et de ses conduits souterrains en 2016. Gaz Métro était la première entreprise à accomplir les travaux demandés, mais d’autres services, tels que la Commission des services électriques et Bell, devront également procéder. C’est pourquoi, à la fin des travaux de Gaz Métro, on a jugé qu’il ne valait pas la peine de remettre le pavé historique en place, considérant que ce procédé était long et coûteux. La solution retenue a donc été de colmater le trou avec une simple ligne asphaltée.

Pour quelques jours, on aurait très bien pu tolérer cette façon de faire, bien qu’elle soit très peu esthétique. Mais sachant que le pavé ne retrouvera pas son apparence d’origine avant 2016, le manque de jugement des intervenants dans ce dossier est tout simplement aberrant. Cela ne prend pas un doctorat en tourisme ou en protection du patrimoine pour se rendre compte que cette solution temporaire ne passerait pas auprès du grand public. C’est simplement une question de gros bon sens. Quelle image projette-t-on aux yeux des passants avec des travaux aussi bâclés? Celle d’une ville toute croche qui se soucie peu de l’image qu’elle projette.

Pourtant, cette image devrait primer plus que tout en 2014. Sa propreté, son entretien, son verdissement. Rien ne devrait être laissé au hasard, encore moins dans un haut lieu touristique. Ce n’est pas normal que le maire doive intervenir afin qu’on maquille convenablement les travaux avec du ciment pour imiter le pavé de pierre de la rue Saint-Paul. On aurait dû choisir cette option dès le départ. On aurait dû avoir le réflexe de regarder un peu plus loin que le bout de son nez.

Et que dire du reste du chantier qui se poursuit sur Saint-Paul? Cette cicatrice asphal­tée n’est qu’une infime partie de tout ce qui cloche en ce moment. En se rendant dans le secteur, on constate qu’il n’y a strictement aucun effort de la part de l’entrepreneur pour camoufler minimalement les morceaux de pierre, de bois, de métal et les détritus qui trainent au sol. Aucun effort pour expliquer aux passants ce qui se déroule sous leurs yeux. Rien. C’est un grave manque de respect envers les visiteurs, les commerçants et les restaurateurs du coin.

L’ironie dans tout ça, c’est que Montréal tenait la semaine dernière un colloque pour améliorer la gestion de ses chantiers et pour les rendre plus attrayants auprès du grand public. Il serait peut-être temps de mettre en application les leçons retenues.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version