Des bonbons ou un sort ! Tandis que la jeunesse américaine, grimée en fantôme et en lutin, mendie pour Halloween des bonbons de portes en portes, les adultes eux, ont à leur disposition toutes sortes de gourmandises au goût « citrouille ».
Ce qui a débuté il y a une dizaine d’années comme une offre saisonnière chez Starbucks qui proposa alors un café parfum « citrouille » – qui n’avait de citrouille que le nom – est devenu une mode gastronomique obsessionnelle chez les Américains.
Biscuits, chocolats, guimauves, gaufres, bagels, pâtes, chips, yaourt à la grecque et même houmous au parfum citrouille colonisent les rayons des supermarchés à chaque mois d’octobre. Dans les brasseries, on sert des bières saveur citrouille, dans les bars on vend des cocktails à la citrouille que l’on déguste en tirant sur des cigarettes électroniques… à la citrouille.
Par chance, personne – du moins pas encore – n’a eu l’idée de lancer des serviettes hygiéniques parfumées à la citrouille ou une ligne de tampons comme un montage Photoshop le suggérait et qui a récemment créé le buzz sur internet.
Halloween est une fête très lucrative aux Etats-Unis : cette année, les consommateurs devraient encore dépenser 7,4 milliards de dollars en costumes, décorations et bonbons, selon les projections de l’association nationale des commerçants.
Une partie de cette somme aura tout de même été dépensée dans l’achat du légume aux couleurs flamboyantes de l’automne. L’année dernière, les cultivateurs ont récolté 1,13 milliard de citrouilles, affirme le département de l’Agriculture.
Pour la plupart, elles ne seront pas consommées mais simplement sculptées et transformées en lanternes effrayantes vendredi soir avant d’être jetées dès le lendemain.
Lubie saisonnière ?
Si ce légume généreux n’a jamais vraiment été un incontournable dans l’assiette américaine, il incarne – au moins dans l’imaginaire citadin – une idée romantique de la mère Nature et les vertus de la vie à la campagne.
« Les gens célèbrent cet esprit-là », explique Cindy Ott, professeur à l’université de St Louis et auteur de « Pumpkin : The Curious History of an American Icon » (que l’on pourrait traduire par « La citrouille ou la curieuse histoire d’un emblème américain »).
« Il n’y a aucune raison de rajouter de la poudre de citrouille dans son café ou d’allumer une lanterne végétale sur son perron », selon elle.
Des observateurs des tendances, comme Andrea Riberi du cabinet Nielson, tentent de savoir si cette mode du parfum « pumpkin » est une lubie saisonnière ou si elle peut miser sur un avenir pérenne.
« Il sera intéressant de voir si les gens vont dépasser le caractère saisonnier des produits en continuant à acheter par exemple la préparation de pancakes à la citrouille » une fois qu’Halloween sera passé.
La blogueuse Melissa Connolly, qui aime à se décrire comme une obsédée du potiron, est convaincue que l’Amérique n’a pas encore atteint « le pic de la citrouille ».
« C’est comme si l’on se demandait si l’Amérique avait atteint le pic du football américain ! La citrouille est faite pour durer. »