Évasion

Connaissez-vous les jeux de rôle? Probablement pas assez

Karine Loiselle, copropriétaire de la boutique de jeux de rôle Dragon de cuivre dans Hochelaga-Maisonneuve

Karine Loiselle, copropriétaire de la boutique de jeux de rôle Dragon de cuivre dans Hochelaga-Maisonneuve

Si on vous dit «rogue», «warlock» et dés polyédriques, comprenez-vous quelque chose? Ces termes issus de Donjons et dragons sont à peu près tout ce qui était arrivé à nos oreilles de néophyte du monde des jeux de rôle avant que nous nous y invitions.  

Créé il y a près de 50 ans, Donjons et dragons est le plus vendu et le plus connu de tous les jeux de rôle. Mais c’est aussi à cause de lui que vous avez peut-être l’impression que les adeptes de ce genre de jeux sont tous des garçons fans de l’époque médiévale qui s’affublent de capes et de chapeaux bizarres pour jouer dans le sous-sol de leurs parents.  

Et si on vous disait qu’il existe des jeux de rôle dans l’univers de Jane Austen (Good Society), de la science-fiction (Star Wars, Dune, Alien), du crime (Alice is Missing), des communautés 2SLGBTQIA+ (Thirsty Sword Lesbians), des créatures des ténèbres (Vampire: The Masquerade) ou même de nos classiques d’enfance (My Little Pony)? Ça change drôlement le portait qu’on pouvait se faire! 

Comment on joue? 

Karine Loiselle est copropriétaire de la nouvelle boutique Dragon de cuivre, dans Hochelaga. Quand elle nous montre les dizaines de jeux de rôle qu’elle propose dans son commerce consacré à cette passion, on est d’abord surpris par le format. Plutôt qu’une boîte contenant des pions et une planchette, elle nous présente des livres. N’importe quel.le connaisseur.euse le sait déjà, mais c’est là-dedans qu’on retrouve les règles, les fiches de personnages ou encore la carte qui nous permet de visualiser le monde qu’on s’apprête à explorer.

Photo : Gracieuseté

L’autre élément central des jeux de rôle, c’est le ou la maître du jeu, qu’on appelle parfois storyteller ou facilitateur.rice. C’est cette personne qui «joue l’environnement», raconte l’histoire et gère les règles, ce qui en fait aussi une sorte de mentor.e pour les gens qui commencent à jouer et à qui ce monde n’est pas encore tout à fait familier. 

Quand on demande naïvement à Karine Loiselle si la personne qui occupe ce rôle peut aussi gagner la partie, elle rigole et nous explique patiemment: «Dans tous les cas, personne ne gagne! Le but du jeu, c’est d’avoir du plaisir. Au final, on va tous avoir gagné si on a raconté une belle histoire. C’est une différence avec les jeux de société, où il y a des conditions de victoire qui sont claires.» 

C’est d’ailleurs parce que plusieurs jeux de rôle ne débouchent pas sur une victoire ou une défaite qu’ils n’ont pas nécessairement de fin. Certaines personnes traînent la même «campagne» (une partie, si on veut) de Donjons et dragons depuis des années. Oui, oui, des années! 

Défaire les idées reçues 

S’il est maintenant clair que les jeux de rôle ne se limitent pas à Donjons et dragons, il y a d’autres mythes qu’on peut avoir en tête qui sont à déboulonner. En tête de liste, il y a que les fans de ces jeux se déguisent. «Ça, c’est un gros mythe!», lance Karine Loiselle en souriant. Bon, il y a quelques exceptions, comme l’Halloween ou les jeux de rôle grandeur nature, mais rien comme ce que notre perception de néophyte nous laissait croire.  

On le disait d’emblée: on avait l’impression (sexiste, avouons-le) que les jeux de rôle étaient une affaire de gars. «C’est vrai que c’est un préjugé de croire que c’est un monde de gars», concède Karine Loiselle, qui estime que c’est parce que Donjons et dragons a été vendu d’abord à un public masculin. Pourtant, des femmes qui jouent, il y en a toujours eu, et des personnes non binaires aussi. Même que les jeux de rôle et leurs descendants, les jeux vidéo RPG, seraient bénéfiques pour explorer son identité de genre

Si on ne nous donne pas l’impression que c’est pour nous, on est moins attiré.e. Il faut démolir le mythe que c’est récent qu’il y ait des filles dans l’univers geek. Elles ont toujours été là, c’est juste qu’on ne s’y intéressait pas et qu’on les rendait invisibles!

Karine Loiselle, copropriétaire du Dragon de cuivre 

Une affaire de gang 

Les joueur.euse.s apprécient les jeux de rôle pour leur dimension tactique et créative, mais il y a aussi tout un aspect social à prendre en compte. Des groupes se forment autour d’un jeu et peuvent rester soudés pendant des années, au plus grand plaisir de leurs membres… et parfois, au grand découragement des gens qui aimeraient embarquer.  

«Beaucoup de gens me disent qu’ils aimeraient essayer, mais qu’ils ne savent pas comment commencer, confirme Karine Loiselle. Tous les groupes qu’ils contactent sont déjà pleins et ce n’est pas toujours facile de s’intégrer à un groupe existant.» 

Cet aspect un peu hermétique des communautés ajoute à la pertinence d’un endroit où on peut aller jouer et rencontrer d’autres fans, comme c’est le cas au Dragon de cuivre. «On fait des activités d’initiation où on fait un one shot, donc un scénario d’une soirée, donne en exemple la copropriétaire de la boutique. Il y a quelques semaines, on l’a fait avec Donjons et dragons, et après l’activité, tous les gens présents se sont échangé leur numéro de téléphone pour pouvoir relancer une partie.» 

C’est donc sans épée de styromousse ou diadème de carton qu’on peut s’incruster à son tour dans l’univers des jeux de rôle.  

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