Alors que l’eau de la rivière des Prairies est montée plus haut qu’en 2017, les résidents des rues Cousineau, Crevier ou Notre-Dame-des-Anges à Cartierville sont restés au sec. La raison : l’installation de digues de sables impressionnantes érigées à certains endroits des berges de la rivière des Prairies.
Le travail a réclamé le déploiement de 45 000 poches de sables et de 1000 tonnes métriques de sable en vrac, mais plus encore il a nécessité la mobilisation permanente de 85 cols bleus. L’efficacité de ces digues de fortunes a été reconnue par le ministre fédéral de la Défense Harjit Sajjan, en visite à la rue Cousineau le 6 mai.
La grande digue sur les rues Cousineau et Crevier fait près de 300 m de long sur un total de 7 digues qui font 501 mètres en tout. Elle retient à ce jour un mur d’eau de plus de 4 pieds de haut au-dessus du sol. Une quantité énorme si elle se répandait dans la rue.
Il faut souligner le travail colossal de cols bleus et des équipes de Dominique Paquin et Thomas Rivard de la direction des travaux publics. Si nous avons eu administrativement une super belle job, c’est parce qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire. -Michel Bordeleau, chef de division des études techniques à Ahuntsic-Cartierville
Les employés ont dû travailler des journées de 12 heures durant des semaines, soir un total 6 608 heures en 27 jours. «Il n’y a pas d’obligation de faire des heures supplémentaires, signale Caroline Légère, chef de division des sports et loisirs. Mais on n’a pas eu à casser le bras à quiconque pour qu’il soit présent sur le terrain.»
Les citoyens de la rue Cousineau qui ont encore la mémoire à vif après les inondations de 2017, n’ont pas manqué de remercier ces employés mobilisés des heures durant, sur les médias sociaux notamment, mais aussi avec une grande pancarte posée non loin de la digue qui les protège d’un mur d’eau menaçant.
«On avait jusqu’à 55 personnes sur le terrain la nuit», relève Marie-Pierre Busseau, chef de division des ressources humaines
«Ce sont des évènements extrêmement cimentant pour des organisations», remarque M. Brodeleau. Lui, comme tous les autres cadres de l’arrondissement sont également mobilisés depuis le 18 avril. Ils sont présents tous les jours et disponibles 24h sur 24 tant que la décrue n’est pas amorcée.
«Il faut dormir quand même, observe Michèle Giroux, directrice de l’arrondissement. Mais nous restons collés à nos téléphones.»
Pour faire face à la crue des eaux, toutes les directions se sont attelées à la tâche. Aussi inattendu que cela puisse paraître, c’est la direction des sports et loisirs qui a eu la mission d’ouvrir un centre d’accueil aux sinistrés au YMCA de Cartierville.
Si la réaction efficace de l’administration locale en prévision de ces crues printanières est saluée par tout le monde, il faut dire qu’elle trouve son explication dans les leçons tirées de 2017.
«Quand on a fait le débriefing après les crues il y a deux ans, on a revu nos plans d’urgence et nous les avons ajustés», souligne M. Bordeleau.
Les digues sont encore là pour quelques semaines encore. On suppose que la décrue devait s’amorcer vers les dernières semaines de juin.
À ce moment-là, il faudra probablement faire appel à des bénévoles pour démanteler les installations et nettoyer les rues avant le rétablissement, le retour à la normale.
L’avenir
Aujourd’hui, alors que les digues sont toujours en place et que les pompes ronflent encore dans les rues Cousineau et Crevier, on évalue déjà ce qu’il y a lieu de faire dans les prochaines années.
Il y a une nouvelle carte des zones inondables qui doit être établie en 2020. Celle-ci changera profondément le règlement d’urbanisme sur les terrains en bordure de la rivière.
Mais plus encore, on réfléchit sérieusement à des mesures qui s’inscrivent dans la durée. «Il faudra penser à des digues permanentes ou semi permanentes et voir à quels endroits cela est possible de les faire», avertit M. Bordeleau.
Une solution qui nécessitera des discussions avec d’autres paliers de gouvernement. Car quand on parle de cours d’eau et de rives, les autorités sont différentes selon le lieu dont on parle. Les fonctionnaires sont très soucieux de ce détail.
Mais, ils s’accordent à dire qu’il faut voir comment avoir moins de sacs de sable à déployer et moins de gens à mobiliser et comment rassurer les citoyens.
«On pense aussi à utiliser les parcs en rive comme bassins de rétentions et faire percoler l’eau ailleurs pour réduire la pression sur les bouts de rues qui risquent d’être inondés», indique Mme Giroux.