Le sculpteur Roger Brabant a remporté le troisième prix lors du concours de bancs de jardin d’Art populaire Kamouraska le 4 juillet dernier. Pour l’artiste, il est important de préserver cette forme d’art tout en créant des liens avec les spectateurs.
Celui qui habite Rigaud depuis plus de 25 ans n’en était pas à sa première reconnaissance pour une œuvre lors d’un concours d’art populaire. Il est toutefois particulièrement fier que son banc, nommé Le banc des picosses se distingue cette année parmi les 14 participants.
«Ça représente des oiseaux qui picossent pour la première fois sur un banc de parc, explique l’artiste. On sait ne jamais à quoi s’attendre en art populaire lorsqu’on envoie nos œuvres pour des concours, mais ce sont toujours de beaux évènements où l’on fait de belles rencontres.»
L’homme de 67 ans sculpte principalement des oiseaux sur du bois de seconde main depuis 32 ans. Il a commencé à sculpter des coqs à partir de l’âge de 35 ans.
Au départ, c’était pour s’occuper en se rappelant les poulaillers de son enfance. Au fil des années, il a commencé à présenter des œuvres pour des appels de projets ou des concours.
Aujourd’hui, sculpter fait partie intégrante de sa vie. «C’est un univers que j’ai besoin, dit-il. Si je n’avais pas ça, je n’y arriverais pas. »
Les matériaux qu’il utilise doivent absolument avoir du vécu. «Je considère que d’aller acheter du bois au magasin pour faire de l’art, c’est superficiel, estime M. Brabant. Il faut qu’il y ait une âme dans le bois et qu’il ait une histoire derrière la pièce.»
Préserver un format
C’est seulement lorsqu’il participe au Festival de sculptures d’art populaire de Saint-Ulric-de-Matane, en 2013, que le sculpteur Roger Brabant réalise que les œuvres qu’il conçoit sont considérées comme de l’art populaire.
Il s’agit d’une forme d’art qui a connu une effervescence au Québec dès l’arrivée des Européens. Les artistes populaires ne sont pas formés en art et représentent souvent des éléments du quotidien en leur apportant une touche de fantaisie.
«On est des marchands de sourires. On est des marchands de bonheur. On va à la rencontre des gens pour créer des liens avec eux et mettre un peu de positivité dans leurs vies.»
Roger Brabant
Certains confectionnaient des enseignes pour décorer leurs granges alors que d’autres souhaitaient représenter, pour les générations futures, la vie rurale qu’ils vivent, avec de petits dessins ou de petites figurines.
Pour M. Brabant, ce sont les coqs de son poulailler d’enfance qu’il a d’abord voulu représenter, tout en laissant aller son imagination. «Mes sculptures sont toujours colorées parce que je veux mettre un peu de vie dans le monde monotone que l’on vit aujourd’hui», soutient-il.
Créer des liens
Tout comme ses homologues qui font de l’art populaire, un de ses premiers objectifs est de susciter une réaction positive chez ses spectateurs. «On a besoin de ça aujourd’hui de prendre le temps de se laisser emporter, dit-il. Je carbure aux sourires des gens qui regardent mes œuvres. On se partage des histoires aussi et ce sont toujours de belles rencontres.»
Outre le lien qu’il souhaite créer avec son public, son propre lien avec l’art l’aide à surmonter les épreuves de la vie. «Aujourd’hui, c’est essentiel pour moi, affirme l’artiste. Parfois, il y a des jours où il faut absolument que j’aille dans mon sous-sol pour aller m’occuper à créer quelque chose et l’art populaire me permet de le faire.»
Maintenant employé d’un vignoble, M. Brabant compte continuer encore longtemps de produire des œuvres à temps perdu et durant l’hiver lorsqu’il travaille moins. Il a d’ailleurs organisé une exposition au vignoble de Pomone le 24 juillet qui proviennent de ce qu’il appelle son «poulailler imaginaire».