Le programme de subvention de 100 M$ concernant la réhabilitation des terrains contaminés dans l’est de Montréal attire peu les promoteurs. Depuis son lancement en janvier 2020, seulement quatre demandes d’accessibilité ont été déposées, dont trois provenant du secteur municipal.
Selon les informations transmises par le service des communications de la Ville de Montréal en réponse aux questions de Métro, l’ensemble de ces demandes, toutes situées dans le secteur industriel de la Pointe-de-l’Île, totalise un montant d’un peu plus de 9,6 M$.
L’attrait est si faible que la Ville a modifié dernièrement certains paramètres du programme afin de stimuler l’intérêt pour celui-ci. Parmi les modifications apportées, on trouve un rehaussement du taux des subventions par rapport aux coûts des travaux admissibles ainsi qu’une bonification de l’aide pour les terrains qui servaient anciennement de sites d’enfouissement.
De 75 à 90%
Alors que le taux de subvention pour les projets privés devait passer de 75 à 60% le 1er janvier dernier, selon le règlement encadrant le programme qui était alors en vigueur, la Ville a décidé de le majorer à 90%. Dans un sommaire décisionnel publié le mercredi 19 janvier, on indique que ce changement «permettra d’augmenter l’attractivité du programme auprès de propriétaires de terrains contaminés».
Pour Jean-Denis Charest, président-directeur général de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, il est «clair que le programme initial n’a pas livré», malgré «la bonne volonté» de tous les intervenants. Selon lui, les modifications apportées dernièrement représentent «un bon premier pas dans la bonne direction», mais elles ne sont pas suffisantes.
«Un des freins qu’il reste sur lequel il faudra travailler, c’est l’aspect des liquidités. Un processus de décontamination, c’est long et complexe. Le remboursement est effectué à la fin, lorsqu’on a terminé. Entretemps, il faut assumer les liquidités. On va essayer de travailler avec les institutions financières pour développer des ponts financiers qui pourraient permettre de faciliter les décaissements des propriétaires qui n’auraient pas les liquidités suffisantes pour attendre le remboursement des dépenses dans des projets qui peuvent être très très longs à livrer», explique-t-il.
Par ailleurs, M. Charest estime qu’un meilleur accompagnement des propriétaires serait pertinent. «Les travaux de décontamination, c’est très complexe pour quelqu’un qui ne s’y connaît pas. À travers l’ensemble des propriétaires, ces connaissances sont très inégales. Ce n’est pas leur core business dans la vie de faire de la décontamination. Pour eux, évaluer si le programme est accessible ou pas, il faut faire une étude de phase un. Il faut travailler à faciliter cette évaluation-là.»
«Obligation de succès»
Le président de la Chambre de commerce de l’Est est sans équivoque: il est très important de s’assurer que les terrains de l’est soient décontaminés rapidement.
«On a une obligation de succès pour faire la décontamination des sols dans l’est. C’est une des conditions importantes pour revitaliser notre territoire et il faut le faire dans les prochaines années. Ce n’est pas lorsque le REM sera en service qu’il faudra le faire, c’est dès maintenant», plaide-t-il, la mise en service du REM étant prévue pour 2029.
«La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des démarches qui sont entreprises et j’espère qu’on pourra mettre en place prochainement les autres mesures qui seront nécessaires», ajoute-t-il.