Une maison «de fond de cour» est à vendre pour 310 000$ dans Tétreaultville. Retour sur les origines de ce type de construction.
La maison en question est située dans une ruelle derrière un duplex de la rue Desmarteau, tout près de l’avenue Pierre-De Coubertin. Selon les informations disponibles sur le site centris.ca, la construction de la maison daterait de 1952. Cette dernière contiendrait cinq pièces, réparties sur une superficie de 45 m².
Il n’a pas été possible de confirmer si cette maison de fond de cour a été construite avant ou après le duplex qui occupe le même terrain, le courtier immobilier responsable de la vente n’ayant pas retourné l’appel de Métro au moment d’écrire ces lignes.
«Ça pourrait être simultané», évoque le directeur des politiques d’Héritage Montréal, Dinu Bumbaru.
Le rôle d’évaluation foncière de la Ville de Montréal estime d’ailleurs la construction du duplex à 1952.
Révolution industrielle
À l’origine, les maisons de fond de cour montréalaises étaient des habitations ouvrières typiques des quartiers pauvres et associées à la révolution industrielle, peut-on lire dans un article disponible sur le site d’Érudit.
Construite dans la cour arrière, [la maison de fond de cour] est cachée de la rue par un autre bâtiment situé à l’avant du lot. Il s’agit principalement d’un duplex ou d’un quadruplex de deux étages à toit plat, adossé au fond du lot et relié à la rue par une porte cochère.
Luc Carey, Le déclin de la maison de fond de cour à Montréal, 1880–1920
Toujours selon ce texte, le nombre de maisons de fond de cour a augmenté jusqu’à la fin du 19e siècle, puis a diminué jusqu’à la disparition presque complète du phénomène vers 1980. L’amélioration des conditions de vie, l’exode urbain, la diminution de la taille des lots, l’expansion du centre-ville et la réglementation municipale seraient les principales causes de ce déclin.
Le cas Desmarteau
Concernant la maison de ruelle de la rue Desmarteau, cette dernière se distingue des «formes historiques, comme on en faisait dans les 1840-1850», explique Dinu Bumbaru.
«On voit ça dans des quartiers comme Pointe-Saint-Charles et Centre-Sud, où le tissu urbain a notamment été aménagé avant le grand incendie de 1852, à la suite duquel on va rendre presque obligatoires les ruelles pour éviter la propagation du feu d’une maison à l’autre», raconte-t-il.
Le cas de la maison de ruelle dans Tétreaultville est intéressant, selon Dinu Bumbaru, puisque cela rappelle que cette forme de construction a existé à plusieurs époques.
Maison intergénérationnelle
Pour Dinu Bumbaru, ce type de construction s’apparente également à la tendance actuelle des maisons dites «intergénérationelles».
«Il y a peut-être des formules intéressantes à aller chercher dans l’architecture populaire de nos quartiers», croit-il, ce qui favoriserait leur densification sans opter pour des gratte-ciels.
Un article sur le site Avenues.ca fait d’ailleurs écho aux propos de Dinu Bumbaru. Selon celui-ci, les architectes et les urbanistes utilisent le terme «unité d’habitation accessoire» (UHA) pour désigner les logements secondaires créés dans des maisons familiales ou des cours arrière.
Cela permettrait une densification modérée d’une ville ou d’un quartier, ces habitations favorisant la cohabitation intergénérationnelle. Un phénomène qui donnerait la chance aux retraités de vieillir dans leur quartier et aux jeunes d’acheter une première maison.