Moduler les frais de scolarité en fonction du coût de formation plutôt que d’imposer aux étudiants des frais égalitaires serait plus équitable, avance l’Institut économique de Montréal (IEDM), dans une étude récente.
Le système actuel des droits de scolarité dans les universités du Québec permet aux étudiants québécois de payer chaque année un montant égalitaire, quel que soit leur programme d’étude. Le coût que représente la formation pour l’Université ne rentre donc pas en compte dans leurs frais de scolarité.
Par exemple, à l’Université de Montréal (UDEM), un étudiant québécois de premier cycle paye environ 3900$ pour une année, quel que soit son domaine d’études.
Mais selon l’IEDM, moduler les frais de scolarité en fonction du coût de formation serait plus équitable et moins coûteux pour certains étudiants du premier cycle.
Effectivement, le montant des subventions du gouvernement du Québec versées aux universités diffère grandement selon les programmes. Pour une place au premier cycle en psychologie, les universités reçoivent 3807,54$ par année. En revanche, pour une place au premier cycle en médecine vétérinaire, la somme versée par le gouvernement est de 55 247,41$ par année.
Un étudiant en psychologie ne devrait pas avoir à payer une plus grande part des coûts de son éducation qu’un étudiant en soins vétérinaires.
Michel Poitevin, chercheur associé senior à l’IEDM et auteur de l’étude.
Pour le professeur au Département de sciences économiques à l’UDEM Michel Poitevin, le système de frais uniques au Québec est une «aberration». Selon lui, c’est en modulant les frais de scolarité qu’un «bon paquet d’étudiants» verraient leur facture baisser, notamment ceux étudiant en sciences sociales.
«En modulant les frais de scolarité […], Québec assurerait une plus grande équité entre les étudiants, tout en réduisant la pression financière que vivent bon nombre d’entre eux», déclare le chercheur dans un communiqué. Selon lui, cela permettrait de réduire de 55% les frais de scolarité d’étudiants québécois du premier cycle.
Une approche «déraisonnable»
L’idée avancée par l’IEDM entraînerait en revanche une augmentation des frais de scolarité pour d’autres étudiants ayant un programme plus coûteux.
«Les étudiants dans certaines disciplines de sciences – où la formation est plus coûteuse – verraient leurs factures augmenter», confirme l’IEDM à Métro. Mais, selon l’Institut, ce sont ceux qui ont des perspectives de revenu beaucoup plus élevées sur le marché du travail. «On trouve inéquitable de subventionner plus fortement ceux qui seront les plus riches de demain», rajoute l’organisme de recherche.
Contactée par Métro, la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UDEM (FAÉCUM) pense qu’il est «complètement déraisonnable de demander à une population parmi les plus précaires de la société de débourser plus pour ses droits de scolarité». Bien qu’elle soit pour l’amélioration du système de financement des universités québécoises, l’association étudiante considère que l’approche suit un modèle «d’utilisateur-payeur».
L’éducation est identifiée à une marchandise de laquelle on tire un bénéfice et pour laquelle le récipiendaire doit assumer un coût. Ce modèle ne correspond pas aux aspirations des membres de la Fédération.
Fédération des associations étudiantes du campus de l’UDEM (FAÉCUM).
De plus, la Fédération explique que le lien entre le coût de formation et la perspective du revenu d’emploi n’est pas tout le temps vrai. Par exemple, un étudiant en art serait amené à débourser beaucoup plus pour sa scolarité dans le cas du modèle défendu par le chercheur. Pourtant, les métiers de l’art ne sont pas connus pour avoir des perspectives de hauts revenus.
«Le maintien de frais de scolarité unique pour l’ensemble des programmes préserve la possibilité pour toutes les personnes étudiantes de choisir son programme d’étude indépendamment des contraintes posées par les ressources économiques dont elle dispose», conclut la fédération étudiante.
Rappelons qu’au Canada, la moitié des étudiants diplômés postsecondaires avaient une dette d’études avant la pandémie, selon une étude de Statistique Canada sortie en 2020.