L’incubateur montréalais de communautés féminines Startop a souligné le 27 janvier la participation de dix femmes entrepreneures issues de la diversité ethnoculturelle à la première cohorte de son programme d’accompagnement, qui a permis à certains organismes de faire la transition vers l’économie sociale.
Une trentaine de femmes membres des dix organismes participants se sont rassemblées à la Maison Notman pour célébrer la fin du programme, qui a permis à plusieurs organismes communautaires de développer des produits et des services en lien avec leur mission et à plusieurs entreprises privées à mission sociale de devenir des organismes à but non lucratif.
«On a accompagné les dix entrepreneures pendant neuf mois pour structurer leur plan d’affaires et travailler sur leur gouvernance», indique Mariam Coulibaly, fondatrice et directrice générale de Startop. Situé dans Le Plateau-Mont-Royal, l’organisme fondé en 2018 est le seul incubateur en économie sociale au Québec destiné aux femmes de la diversité ethnoculturelle.
Être entrepreneure n’est pas facile. D’être ensemble, ça nous rend plus fortes et ça nous encourage.
Mariam Coulibaly, directrice générale de Startop
Du soutien adapté aux femmes
Selon Mme Coulibaly, bien que le Québec facilite la formation pour le lancement des entreprises, il reste du chemin à parcourir pour créer des programmes de soutien qui répondent aux besoins spécifiques des femmes entrepreneures.
«La majorité des femmes qui partent en affaires occupent un emploi à temps plein et ont besoin de services le soir et la fin de semaine. Si on n’a pas des offres adaptées, on passe à côté. Ce n’est pas comme ça qu’on va atteindre la parité en entrepreneuriat», soutient-elle.
Je voyais beaucoup de femmes décrocher de l’entrepreneuriat après quelque temps, alors je me suis demandé qu’est-ce qu’on ne fait pas bien. J’avais à cœur d’aider ces femmes en créant un programme de prédémarrage afin de travailler sur leur potentiel entrepreneurial et leur confiance en soi.
Mariam Coulibaly, directrice générale de Startop
La gestionnaire originaire de la Côte d’Ivoire accompagne des entrepreneures et entrepreneurs depuis 2011 et a créé son organisme afin de contribuer à «mettre la diversité féminine sur la carte».
«Il n’y a pas assez de diversité à la direction des organismes. C’est important pour moi de montrer que les femmes de la diversité sont là et qu’il suffit de les chercher au bon endroit», souligne celle qui souhaite donner davantage de visibilité aux femmes entrepreneures qui ont un impact social.
Élargir son réseau
«Participer à cette cohorte m’a permis de rencontrer d’autres femmes immigrantes et de créer de nouveaux projets avec elles. C’est encourageant de voir des femmes qui réussissent», affirme Christella Tchicaya, cofondatrice de l’organisme sans but lucratif Acte d’Amour, dont les bureaux sont situés dans l’arrondissement de Saint-Laurent et à Magog.
L’organisme fondé à Montréal en 2016 organise des activités et des événements qui visent à briser l’isolement des personnes âgées, promouvoir l’intégration socioéconomique des femmes immigrantes, soutenir les jeunes qui n’ont pas accès à des activités parascolaires et encourager le rapprochement interculturel.
«Grâce à l’accompagnement de Startop, nous avons pu développer un plan d’affaires et une offre de services qui nous permettra d’aller chercher le financement nécessaire pour acquérir un studio mobile», souligne l’entrepreneure originaire du Congo-Brazzaville, qui a grandi au Sénégal et qui souhaite produire des capsules vidéo sur le parcours de femmes immigrantes aux quatre coins du Québec afin de les promouvoir sur la chaîne YouTube de son organisme.
Accès aux ressources
«Startop nous a permis de mieux définir notre offre de services pour aller rejoindre le plus de femmes possible et d’avoir de la formation sur la gouvernance et les stratégies de financement», dit Aïssatou Sidibé, fondatrice de l’organisme Vivre100fibromes, dont la mission est d’améliorer la prise en charge et la qualité de vie des femmes atteintes du fibrome utérin au Québec et au Canada.
«Startop nous a également permis d’avoir accès aux services d’un avocat gratuitement et de connaître un réseau de professionnels qui peut nous outiller et nous accompagner dans notre mission.»
Infirmière depuis plus de dix ans, l’entrepreneure française d’origine sénégalaise a fondé son organisme après avoir constaté le manque de ressources éducatives sur cette maladie, dont elle a elle-même reçu un diagnostic. «J’ai débuté en créant le blogue Fibromelle en 2014 et j’ai fondé l’organisme en 2016. Ce n’est pas moi qui ai choisi la cause, c’est la cause qui m’a choisie.»
À travers son organisme, qui a pignon sur rue dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Mme Sidibé mène une campagne de sensibilisation, organise des ateliers d’information auprès de femmes et de professionnels, et soutient des projets de recherche qui visent à trouver un traitement efficace contre la maladie.
Prix et bourses
Quatre bourses de reconnaissance de 1000 $ ont été offertes par la Caisse d’économie solidaire Desjardins à des femmes entrepreneures qui se sont démarquées dans la cohorte.
«On tient à soutenir le développement de la communauté entrepreneuriale féminine. On sait que quand on soutient les femmes, ça rejaillit à coup sûr», dit Martin-Pierre Nombré, directeur du développement stratégique à la Caisse d’économie solidaire Desjardins, qui soutient l’entrepreneuriat social depuis cinquante ans.
Pour sa part, le Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) a remis dix prix d’une valeur de 500 $ aux femmes entrepreneures noires gagnantes du concours Flash Black, qui leur permettra de participer à la prochaine cohorte de Startop.
Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.