Des patients qui se réveillent de leur anesthésie entendent tout ce qui trame au comptoir de réception qui est adjacent. D’autres, en attente de leur opération, sont alités face au mur dans les corridors. Des corridors déjà encombrés de toutes sortes d’équipements légers et de fournitures médicales. Bienvenue au bloc opératoire de l’Hôpital Santa Cabrini, où, chaque jour, l’équipe de soignants fait des miracles dans des installations désuètes en tentant de ne pas se piler sur les pieds – littéralement.
Or, Santa Cabrini, seul hôpital à posséder un statut communautaire et culturel pour les italos-montréalais, bénéficiera d’un tout nouveau bloc opératoire à partir de 2025. La première pelletée de terre du projet d’agrandissement, qui coûtera 139,4 M$, a été levée le 27 février.
Le nouveau bâtiment de deux étages sera relié à l’édifice principal par une passerelle. À l’étage, huit nouvelles salles d’opération seront à la disposition des équipes, précise la directrice des projets immobiliers majeurs au CIUSSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Nathalie Chauvin. Ces salles à la fine pointe de la technologie incluront «tous les nouveaux équipements les plus modernes», souligne-t-elle.
Actuellement, les six salles d’opération de Santa Cabrini, qui datent de la construction de l’hôpital en 1961, ne respectent plus les normes en vigueur puisqu’elles sont trop petites, explique la cheffe de service du bloc opératoire, Janie Roy-Cossette.
L’espace dans les salles est effectivement très restreint pour des équipes opératoires de 6 à 10 personnes, a pu constater Métro. Les murs, sans fenêtre, sont toujours couverts des carreaux vert jade d’origine. «Le feeling, ça fait très années 1960», admet Janie Roy-Cossette par-dessus le bourdonnement du système de ventilation.
Les nouvelles salles d’opération seront deux fois plus grandes. «Ça va nous permettre d’avoir un environnement opératoire qui est ergonomique et agréable», se réjouit l’infirmière de formation.
Diminuer la liste d’attente
Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a projeté les besoins cliniques des 530 000 résidents sur son territoire jusqu’en 2036 pour déterminer l’utilisation du futur bloc opératoire. Les nouvelles installations serviront aux opérations de chirurgie digestive haute et de traitement du cancer du sein – déjà effectuées à Santa Cabrini – et à développer la chirurgie bariatrique, qui sert à diminuer l’obésité.
Cette bonification de l’offre de service est une bénédiction dans l’Est, aux dires de Janie Roy-Cossette. La population a un «seuil de défavorisation assez élevé» et des besoins criants en matière de soins de santé, notamment pour contrer «les facteurs de risques associés à l’obésité», poursuit-elle.
[L’agrandissement] va nous permettre d’offrir plus de disponibilités chirurgicales et de diminuer notre liste d’attente.
Janie Roy-Cossette, cheffe de service du bloc opératoire à l’Hôpital Santa Cabrini
Au moment de publier, 1966 patients étaient en attente d’une chirurgie à Santa Cabrini, toutes spécialités confondues, selon le CIUSSS. En moyenne, les patients attendent 191 jours avant leur opération.
Pour les patients et le personnel
Au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment, on retrouvera «un espace logistique centralisé», explique Nathalie Chauvin. Réception des patients, gestion de l’inventaire, approvisionnement des salles d’opération, stérilisation des équipements après les opérations; cet espace permettra de maximiser «la rapidité d’opération» du nouveau bloc, poursuit-elle.
Par ailleurs, le CIUSSS espère que les nouvelles installations favoriseront le recrutement et la rétention du personnel hospitalier. «C’est sûr qu’il y a un ”momentum” avec cette construction-là», remarque Janie Roy-Cossette. Les employés pourront profiter d’un nouvel espace de repos, ajoute-elle. Ceux-ci jouissent actuellement d’un petit local dans lequel ils sont rapidement entassés dès que quelques-uns sont en pause.
Notons que la Fondation Santa Cabrini a financé le projet d’agrandissement à la hauteur de 10 M$. Le nouveau bloc, que ce soit dans le choix des couleurs, des matériaux ou dans l’affichage français-italien, mettra en valeur l’héritage italien de l’hôpital. «On veut vraiment garder l’authenticité», soutient Janie Roy-Cossette.