Après avoir changé le nom des équipes sportives du Collège Ahuntsic, le tour est venu de leur donner une nouvelle image. Sur leur logo, le visage d’un homme autochtone avec ses plumes laisse place à un «A» surmonté d’une tête d’aigle.
Après avoir été durant un demi-siècle les «Indiens» et les «Indiennes», les athlètes du Collège Ahuntsic sont depuis avril des Aigles. Le logo qui s’y rattache, désormais sans visage autochtone a été dévoilé le 18 février.
Leur nouvelle appellation rompt avec «un nom chargé de siècles de violence, d’assimilation et de racisme. Un exemple dérangeant d’appropriation culturelle et portant une charge qui offensait les personnes», décrit l’enseignante en anthropologie, Julie Gauhtier.
C’est elle la maitresse d’œuvre du processus de changement engagé par le collège depuis quelques années.
L’établissement a entamé une importante réflexion sur «l’autochtonisation». Les enseignants et les étudiants ont été appelés à trouver une appellation qui rend compte d’une meilleure compréhension des cultures autochtones.
«Il fallait un nom sans renier l’identité précédente et sans en avoir honte», a relevé la directrice du cégep, Nathalie Vallée.
L’aigle est un symbole chez plusieurs peuples et il est considéré comme le roi des oiseaux. C’est une figure puissante à la vue perçante et il incarne courage et acuité. Des qualités recherchées chez les sportifs.
Le nouveau logo reprend le «A» d’Ahuntsic surmonté d’une tête d’aigle regardant vers l’arrière, vers le passé, pour rappeler l’histoire des équipes sportives.
Il est aussi inscrit dans un cercle, «un symbole important pour les Nations autochtones, rappelant la communauté, le groupe, la force», souligne un communiqué du cégep.
Accompagnement
Le graphisme du logo a été réalisé par un artiste autochtone, Maxime Jenniss. D’ailleurs, l’accompagnement par des personnalités des Premières Nations est considéré comme essentiel par la direction et les enseignants du Collège Ahuntsic pour éviter de faire fausse route.
«Je ne pensais jamais voir cela de mon vivant», a témoigné une membre du comité sur le changement d’identité des équipes sportives, Maya Cousineau-Mollen.
Cette conseillère en développement communautaire chez EVOQ Architecture, elle-même Innue, a rappelé que dans sa jeunesse au cégep, membres des peuples autochtones et blancs ne se fréquentaient tout simplement pas.
Elle croit que le temps d’une réconciliation est venu et souhaite une «autochtonisation» harmonieuse dans toutes les institutions, comme celle observée au Collège Ahuntsic.