La bibliothèque d’Ahuntsic propose à ses abonnés la possibilité d’emprunter des graines. Mais plus que des semences, ce service permet de revisiter l’histoire et le patrimoine horticole du Québec.
La collection de graine a été mise en place il y a cinq ans par une bibliothécaire, Lucie Bernier, qui s’inspirait de la tendance à offrir autre chose que des livres dans les bibliothèques. Celle-ci se développe de plus en plus dans le monde. Les grainothèques connaissent de vrais succès en Europe, notamment en France.
Au départ, Mme Bernier disposait d’un peu plus de 400 sachets avec 86 variétés de plantes à proposer aux abonnés de la bibliothèque qui jardinent.
Elle a constitué sa collection à partir de dons de Ville en Vert, de Terre Promise et de la Ferme Tournesol. Elle avait acheté également quelques graines. L’offre s’est légèrement diversifiée et agrandie depuis.
«Il y a quelques légumes, des fleurs et des fines herbes. Dans les tomates ou les haricots qui sont les plus populaires parce qu’ils poussent très facilement, on peut avoir quelques dizaines de variétés», confirme Mélanie Bossé, cheffe de section à la bibliothèque d’Ahuntsic.
Mais attention, les vrais amateurs s’y sont pris tôt pour avoir une production en début de saison.
«En fait actuellement, c’est plus pour les fleurs. Sinon pour les légumes les gens commencent à faire leurs semis en février, ou début mars», prévient Mme Bossé.
Cependant, il y a encore 500 sachets qui attendent les abonnés retardataires.
Bien entendu, une grainothèque n’est ni une jardinerie ni une quincaillerie. L’objectif est avant tout pédagogique. Le but était de populariser les semences autochtones anciennes.
«L’objectif est de proposer des semences patrimoniales qu’on cultivait à l’époque et qui ont été un peu perdues et qu’on veut réintroduire dans les jardins», observe Mme Bossé.
Des prêts?
Comme dans une bibliothèque, il y a une limite pour les abonnés. Les gens peuvent prendre trois sachets par visite pour un maximum de 12 par an.
Le principe est un prêt, toutefois il est difficile de restituer des plantes ou carrément des tomates à la place des graines. D’autant que le risque que l’emprunteur n’ait pas le pouce vert ou encore que la saison ait été mauvaise est bien réel.
«Les retours [de semences]ne sont pas obligatoire. Les gens ne sont pas tenus de ramener des graines, mais c’est très encouragé. C’est comme cela qu’on alimente notre réserve», convient la bibliothécaire.
Sinon, quand il y a des manques dans la collection, la bibliothèque peut aller acheter des semences pour bonifier l’offre.
Succès progressif
Depuis son ouverture en 2017, la demande en semences à la grainothèque est en hausse chaque année. Elle a enregistré 890 prêts en 2018 et 1 218 en 2019. Elle a été fermée en 2020 pour cause de confinement. Cette année, depuis l’ouverture le 8 février et jusqu’au 28 avril, 456 sachets ont été empruntés.