L’aide financière promise par Québec et Ottawa aux maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence sont nettement insuffisantes, déplore la Maison Dalauze, un établissement de l’est de Montréal, plus sollicité que jamais.
La pandémie de coronavirus est un réel coup dur pour le centre d’hébergement, déjà dans une situation difficile.
« En plus des coûts associés à l’alimentation, à l’équipement, aux mesures sanitaires, on ajoute des pertes majeures, car nos activités d’autofinancement, comme les bingos, sont toutes annulées », affirme Danielle Mongeau, directrice générale. Et ce type d’événement n’est pas près de se relancer, « sachant que la clientèle est souvent âgée ».
L’établissement a reçu 10 000$ de la part du provincial. « C’est loin de couvrir tous les frais », regrette Mme Mongeau.
La somme reçue fait partie d’une enveloppe globale de 2,5M$ promise par Québec. Au total, 600 000$ sont destinés à la région de Montréal.
En attente du fédéral
La Maison Dalauze dispose de deux milieux de vie. Le premier est destiné aux femmes violentées en situation d’urgence. L’autre est fait d’appartements individuels pour séjours de plus longue durée.
Pour aider ces deux types de ressources, Ottawa a prévu une aide d’urgence de 26M$. La Maison Dalauze peut s’attendre à recevoir deux chèques, pour un montant total d’environ 45 000$.
Le versement se fait toutefois attendre. La directrice de la Maison Dalauze précise que « contrairement aux autres [provinces], cela doit passer par une entente particulière entre Québec et le Canada ». Québec se chargeant de la redistribution.
« Même si l’argent devrait arriver sous peu, [la redistribution par Québec] fera augmenter les délais », pense Mme Mongeau.
Déjà en manque de financement
En mars, à la sortie du budget de Québec, quelques jours avant le début des mesures d’urgence sanitaire, 24M$ ont été alloués aux maisons d’hébergement, entre autres pour le développement de nouvelles places. « Mais c’est absolument impossible avec cette enveloppe-là », note Mme Mongeau.
Pourtant, ce ne sont pas les demandes qui manquent. Danielle Mongeau et son équipe ont dû refuser 414 demandes entre le 31 mars 2019 et le 31 mars 2020. L’année précédente, c’était 125.
Le nombre de place à la Maison Dalauze ? Douze.
« Une femme peut cogner à plusieurs portes avant de trouver de la place mais quand on pense à des situations d’urgence, d’avoir à cogner à plusieurs portes, ça peut décourager », souligne la directrice de la Maison Dalauze. Et elle insiste : « En violences conjugales, c’est beaucoup une question de momentum. »
Isolées avec leur conjoint, les femmes victimes de violence conjugale risquent de ne pas être en mesure de saisir l’occasion de fuir pendant le confinement.
« On craint que la suite soit catastrophique avec le déconfinement, d’autant plus que Montréal est encore un foyer de contamination active », conclut-elle.
Pour l’heure, la Maison Dalauze, où des « mesures de confinement strictes ont été prises », compte aucun cas de Covid-19 chez les femmes hébergées, malgré deux cas décelés chez le personnel.