Lionel Tamoki, joueur étoile des Tornades, l’équipe de basketball en fauteuil roulant du Centre d’intégration à la vie active (CIVA), a effectué un véritable parcours de combattant pour se tailler une place dans le basket. Récemment récipiendaire d’une bourse Banque Nationale de soutien à la réussite académique et sportive, l’athlète est déterminé à changer le regard que l’on porte sur son sport.
«Maintenant, je me dis toujours que je peux. Je ne laisse jamais des limitations physiques avoir le dessus sur moi», affirme l’étudiant de 19 ans en arts, lettres et communications – option cinéma au collège de Maisonneuve.
Lionel s’est démarqué au cours de la saison 2019-2020 de la catégorie AA de la ligue du Québec en menant les Tornades au second rang du classement de la saison régulière. Il vient d’être sélectionné par l’équipe du Québec pour les Championnats canadiens, en juin, et les Jeux du Canada, en septembre.
Il souhaite encourager les personnes ayant des limitations physiques à poursuivre leurs aspirations sportives sans crainte du jugement. «Je voudrais être une image pour les personnes handicapées, qu’elles n’aient pas peur [d’être jugées] dans leur sport.»
Dépasser la stigmatisation
Avant d’en arriver là, le parcours de Lionel n’a pas été sans obstacles.
«J’ai toujours été fan de basket professionnel, de la NBA, de ses grands athlètes. Au secondaire, la réalité a frappé: j’ai appris que je ne pourrais pas jouer au niveau professionnel à cause de mon handicap», confie le jeune homme. Il faut dire qu’à l’époque, le handicap de Lionel, qui l’affectait depuis l’âge de 4 ans, ne l’empêchait pas de jouer debout.
«J’ai été refusé à deux reprises par l’équipe de basket de mon secondaire. J’allais baisser les bras, mais un jour, mon coach est venu me voir. Il m’a dit qu’il y avait toujours des solutions, et que c’était possible de faire du basket en fauteuil. [Son intervention] m’a empêché d’arrêter le basket pour de bon», résume Lionel.
Recommandé par son entraîneur à l’équipe du CIVA, Lionel a tout de suite attrapé la piqûre du basket en fauteuil. «Ils m’ont tout de suite accueilli dans leur grande famille, et m’ont offert des opportunités que je n’aurais pas eues ailleurs», explique le jeune athlète. Il est plus que reconnaissant envers son ancien entraîneurs et les membres du CIVA, qui l’ont poussé à persévérer malgré sa différence.
Les parents de Lionel ont pourtant à prime abord désapprouvé sa transition vers le basket en fauteuil roualnt, d’abord par crainte que le fait de jouer assis aggraverait son handicap.
«Ça n’a pas passé le tribunal parental, résume Lionel, une pointe d’humour mêlée d’ironie dans la voix. Pendant les premiers mois, je leur disais que j’allais à des activités pédagogiques. Quand je leur ai annoncé, ils n’ont pas approuvé ma décision, mais ils ont quand même fini par accepter que j’aimais ce que je faisais, que c’est ce que je voulais faire.»
Du basket accessible et inclusif
Bien qu’il soit aussi passionné par ses études en cinéma, Lionel envisage déjà l’avenir de son sport de façon inclusive et décomplexée.
«J’aimerais être dans le monde du film, mais mon but dans la vie, c’est de créer une ligue [nord-américaine] de basket en fauteuil et d’être rémunéré en tant que joueur professionnel de basketball en fauteuil roulant. Je voudrais que des gens qui peuvent jouer debout viennent jouer avec nous, qu’on arrête de mettre les gens handicapés dans leur catégorie à eux», conclut le basketteur.
Lionel compétitionnera sous le drapeau du Québec aux Championnats canadiens, du 9 au 12 juin.
Le Programme de bourses Banque Nationale de la FAEQ
D’une valeur de 2000 $ ou de 4000 $, les bourses attribuées dans le cadre de ce programme visent à encourager vise à encourager les étudiants-athlètes et à les soutenir dans leurs accomplissements sportifs et académiques. Elle est décernée par la FAEQ, qui octroie un support économique et des services d’accompagnement aux athlètes afin de favoriser la conciliation sport-études.