Le maire d’Anjou, Luis Miranda, essuie de vives critiques après avoir dit à un jeune de 15 ans qu’il n’avait «pas d’affaire» à parler à quelqu’un de son âge lors du conseil municipal de mardi.
Le jeune Hocine Ouendi s’est présenté devant le conseil d’arrondissement, le 4 octobre, afin de demander la réouverture des terrains de soccer synthétiques, fermés depuis le 26 août.
Le maire Miranda a coupé court à la conversation peu après que le jeune lui a révélé son âge. «À 15 ans, je ne serais pas venu affronter le maire comme vous avez fait. Ça aurait dû être votre père ou votre mère qui se présente devant moi, je n’ai pas d’affaire à parler avec vous.»
Sur le Web, de nombreuses personnalités ont dénoncé les propos du maire. Il s’agit d’un comportement «inacceptable» selon Robert Beaudry, membre du comité exécutif responsable de l’urbanisme, de la participation citoyenne et de la démocratie pour la Ville de Montréal. «On devrait encourager la jeunesse à participer à la démocratie municipale plutôt que de la brimer», a-t-il ajouté.
Les propos du maire d’Anjou sont «extrêmement déplorables», affirme Joia Duskic, vice-présidente du Conseil jeunesse de Montréal (CjM). En entrevue avec Métro, elle dit déplorer l’exclusion d’un jeune qui «a pris son courage à deux mains» pour participer à la vie démocratique.
Soulignant que le geste n’est «pas représentatif des objectifs de la ville-centre», elle croit que l’intervention du maire Miranda risque d’envoyer le message aux jeunes que leur participation citoyenne «n’est pas la bienvenue» avant leurs 18 ans. Elle rappelle que la Ville de Montréal tient actuellement une consultation publique sur la participation des citoyens aux élections municipales, particulièrement celle des jeunes.
Pour Danielle Pilette, urbaniste et professeure associée à l’UQAM, les propos du maire d’Anjou envoient un mauvais message aux jeunes qui ne sont déjà pas particulièrement intéressés par la politique municipale. «Quand un jeune pose une question, il faut l’écouter et lui donner une réponse complète afin de les intéresser à la démocratie», explique-t-elle.
Incivilités
Selon les explications du maire Miranda, les terrains de soccer synthétiques ont été fermés à la suite de nombreux incidents d’incivilité commis par des jeunes, dont l’attaque de gardiens de parc.
C’est une explication qui fait sourciller Mme Pilette. Cette dernière pense qu’ultimement «tous les espaces publics posent un risque pour la sécurité; c’est aussi vrai pour les cours d’école et les rues». En revanche, elle estime que le soccer «sert aussi de prévention et permet d’occuper positivement l’espace».
Des terrains naturels sont toujours disponibles sur le territoire d’Anjou, mais leur état est lamentable selon les dires d’Hocine Ouendi. Un constat également partagé par le maire. Luis Miranda n’a pas encore rendu l’appel d’entrevue de Métro. Il a cependant commenté la situation auprès du Journal de Montréal : «J’étais fatigué, je n’aurais pas dû lui parler comme ça, mais j’ai déjà parlé avec ces jeunes-là concernant la fermeture des terrains et ils ne veulent pas lâcher le morceau. Ma décision est prise et ne changera pas.»