En collaboration avec l’organisme Femmes du monde à Côte-des-Neiges, une étudiante à la maîtrise en travail social a mis sur pied une exposition pour aborder l’isolement social au féminin: La voix des images.
Pour son projet de maitrise, Alexandra Tanguay-Verreault voulait sortir des sentiers battus. «J’ai travaillé un an à la DPJ où j’ai constaté à quel point les interventions psychosociales passaient toujours par la parole», explique la bachelière en psychoéducation.
Puisque la jeune femme détient également un DESS en art thérapie, cette dernière souhaitait aussi mettre cette approche à l’épreuve. Femme du monde de CDN aimait bien son idée. Pour l’aider, l’organisme l’a encouragé à explorer le problème de l’isolement social chez les femmes immigrantes. Le projet, amorcé à l’automne 2019, s’est terminé en mars 2021. Très populaire à l’échelle du quartier, l’expérience comportait dix séances de deux heures. Elles regroupaient plus d’une vingtaine de femmes de tous les horizons.
Concrétisation
À chaque séance, les intervenantes de Femmes du monde choisissaient un thème précis. «On débutait par un 15 minutes de méditations, suivi de 45 minutes de création, avant de finir par un grand tour de table», précise celle qui occupait aussi le rôle de commissaire muséale.
«Chaque femme ordinaire est spéciale et l’exposition veut reconnaître leur grande valeur. » -Alexandra Tanguay-Verreault
S’adaptant aux mesures sanitaires, les groupes étaient composés de quatre à douze femmes à la fois. «Avec les plus grands groupes, on ressentait surtout un sentiment d’appartenance. Avec les plus petits, on pouvait aller plus en profondeur», explique-t-elle. Les femmes ne parlaient pas directement d’elles, mais plutôt à l’aide des images et des représentations des œuvres qu’elles venaient de créer.
Pour plusieurs d’entre elles, ces ateliers de création se sont révélés une véritable bénédiction «Ça m’a permis de me défouler et d’étaler mes frustrations sur le papier», confie Naïma.
Plusieurs de ces femmes ont vécu ou vivent encore des situations difficiles et la pandémie n’a fait qu’exacerber leur précarité. Le projet leur offrait donc une réelle échappatoire, selon la commissaire étudiante. «Honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre de ce projet, mais la pandémie lui a vraiment donné un sens. C’était un événement pour lequel ces femmes avaient bien hâte de participer».
«Je continue à faire des dessins avec ma fille et cela nous permet de développer notre lien.» -Naïma, femme ayant participé aux ateliers
L’exposition illustre tout le mal vécu par ces femmes à travers différentes représentations artistiques comme la peinture, l’écriture et même la couture. Donner une voix à ces femmes dans ce projet collaboratif aura aussi aidé en partie la jeune montréalaise à trouver la sienne. Elle pense de plus en plus à s’exiler au vers la Côte-Nord du Québec afin de continuer à semer du bonheur autour d’elle.
30 mai
Les œuvres seront exposées jusqu’au 30 mai, au 2e étage du centre culturel de CDN.