À l’approche des travaux du projet de centre d’attachement Nord-Ouest (CANO) de la Société de Transports de Montréal (STM), certains s’inquiètent de son impact sur la circulation, notamment dans les rues résidentielles voisines. Une étude préliminaire réalisée par la STM en amont des travaux prévoit le passage d’environ 45 500 camions répartis sur les 60 mois de construction.
Le matin en particulier, des automobilistes utilisent la rue Coolbrook comme un «raccourci résidentiel» pour éviter le trafic sur le boulevard Décarie. Un phénomène qui devrait s’amplifier avec les travaux du CANO, qui vise le rattachement nord-ouest de la ligne bleue. C’est une source d’inquiétude vue la proximité de deux collèges et une demi-douzaine d’écoles.
«Quand il y a ce type de travaux, on va souvent prendre en compte les détours des autos pour assurer la fluidité automobile, mais on ne va pas nécessairement déployer les ressources pour que les détours n’aient pas d’impact sur les autres usagers», lance la directrice de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani.
Le décès de la jeune Maria dans Ville-Marie [s’est produit dans] un endroit où il y avait une circulation détournée à cause des travaux du Pont-Tunnel. On ne veut pas que ce genre de scénario se reproduise ailleurs.
Sandrine Cabana-Degani, la directrice de Piétons Québec.
Lors d’un tel chantier, il faudrait selon elle que le ministère des Transports «donne les ressources à la Ville pour qu’elle puisse analyser les impacts sur les rues locales».
La rue Coolbrook problématique
L’opposition officielle présentera le 3 avril une motion pour adopter des mesures de sécurisation dans le quartier de Côte-des-Neiges—Notre-Dame-de-Grâce, notamment l’installation de traverses piétonnières sur l’avenue Coolbrook.
L’intersection est en effet dépourvue de feux d’arrêts ou de peinture jaune au sol désignant une traverse piétonnière prioritaire. Le coin suivant à l’ouest, sur Earnscliffe–Côte-St-Luc, on retrouve une signalisation permettant le passage alterné des voitures puis des autres usagers.
«Plusieurs aînés traversent l’intersection [sur Coolbrook] qui n’a pas de lumières pour aller à la pharmacie de l’autre bord. C’est un enjeu car [le boulevard voisin] a plusieurs voies rapides. […] La vitesse des voitures est un enjeu car c’est tout près de l’autoroute», explique Jason Savard, coporte-parole de l’Association des piétons et cyclistes de NDG.
Sonny Moroz, conseiller de district de Snowdon et membre de l’opposition officielle, souhaiterait voir les mesures aller encore plus loin que le conseiller de Snowdon. Il estime que rétrécir la largeur des rues en retranchant des voies serait plus bénéfique. M.Savard voudrait également voir implanter des aménagements urbains comme des bollards ou des bacs de fleurs en béton.
Des aménagements insuffisants?
Le conseiller d’opposition demande la mise en place d’une interdiction de tourner à gauche sur Coolbrook en venant de l’ouest. Il veut mettre en place un marquage au sol similaire et demande également un élargissement des trottoirs sur Coolbrook. La visibilité, que ce soit au volant d’une auto ou à pied, y est relativement limitée selon lui.
«Au niveau de la rue Coolbrook, nous étudions des mesures depuis plusieurs mois», indique le bureau de la mairesse d’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce dans un courriel envoyé à Métro. «Il est important pour nous de faire des analyses adéquates avec des professionnels pour nous assurer d’implanter les bonnes mesures aux bons endroits», nous répond-on.
L’administration précise que des mesures d’apaisement de la circulation ont déjà été mises en place «à des endroits fréquentés par les jeunes, notamment 4 écoles dans l’arrondissement». «Nous avons hâte de présenter ces mesures, qui toucheront notamment la rue Coolbrook, à la population dans des conseils d’arrondissement à venir cette année.»
«On connaît les solutions pour que la circulation ne se déporte pas [sur d’autres axes]. Il faut se donner le temps et les ressources pour s’assurer de faire des études», ajoute la directrice de Piétons Québec. Cette dernière croit qu’«il faut faire mieux».