Ils sont 16 jeunes de 5e et 6e année de l’école primaire Lévis-Sauvé à faire partie des médiateurs qui sillonnent la cour lors de la récréation. De leur plein gré ou sur demande, ils interviennent en se basant sur l’un des volets du programme «Vers le pacifique» qui mise à développer les habilités sociales, la gestion de conflits et la résolution de problème.
«Quand il y a un conflit avec un ballon, par exemple, on demande à chacun leur version des faits, sans prendre parti, explique Jasmine Descôtes, 11 ans. On leur propose de jouer ensemble et s’ils ne sont pas capables de partager, alors on leur donne un deuxième ballon ou on propose à l’un d’entre eux d’aller jouer ailleurs.»
Par équipe de deux, les médiateurs sont présents dans la cour de récréation. Ils sont reconnaissables par leur maillot jaune qu’ils portent par-dessus leur manteau. Ils disposent également d’une fiche qui leur rappelle les quatre étapes de résolution de conflit ainsi que d’un rapport d’intervention qui reste confidentiel.
Les médiateurs peuvent suggérer leur aide, mais elle n’est pas obligatoire. Elle peut aussi être réclamée, mais s’il y a plus de deux élèves en conflit, alors l’intervention d’un adulte est requise.
«On règle vraiment des conflits mineurs, par exemple au soccer ou au ballon-poire parce que les gens ne respectent pas les règles, donc ça crée des chicanes. On prévient aussi les conflits, donc si on voit que ça commence, on va les voir», assure Astrid Panou, 11 ans.
Recrutement
Les deux jeunes filles de 6e année ont décidé d’être médiatrices pour une deuxième fois. «J’aime aider les autres et comme c’est ma dernière année, j’aimerais partir en sachant que j’ai aidé à réduire les conflits à l’école, surtout auprès des plus jeunes qui plus tard deviendront peut-être des médiateurs», imagine Astrid Panou.
Un avis partagé par Jasmine Descôtes qui espère partager ses connaissances pour les rendre autonomes. «Ça me fait sentir bien parce que j’aide les autres, aussi pour qu’ils soient capables ensuite de régler leurs conflits tous seuls», explique-t-elle.
Pour être médiatrice, elle a dû passer une entrevue qui comprend une discussion entre jeunes pour voir comment elle se place dans le groupe, un questionnaire avec notamment des mises en situation ainsi qu’une partie où elle a expliqué ses motivations à rejoindre le groupe.
Par la suite, elle a suivi une formation le temps d’un dîner. Ils apprennent notamment à utiliser des questions ouvertes comme «Comment tu te sens?» plutôt que de dire «Tu es fâché». Ils s’entraînent à reformuler un mécontentement pour se montrer à l’écoute et assurer une bonne compréhension.
Résultats
«L’an dernier, il y a peut-être eu trois médiations par semaine, mais ce n’était pas à chaque récréation, rapporte la psychoéducatrice à l’origine de la mise en place du programme, Vanessa Isbister. Je pense qu’il y a deux raisons: le service n’est pas encore très connu bien qu’on essaye d’en faire la promotion […] et c’était uniquement pour les récréations des grands.»
Cette année, les médiateurs sont présents autant auprès des élèves des deuxième et troisième cycles que ceux du premier cycle, bien que leurs récréations ne se déroulent pas en même temps. Leur grand nombre leur permet de ne s’absenter que 45 minutes une fois tous les deux mois.
«Depuis qu’il y a les petits, il y a eu des médiations à chaque fois et c’est normal, ce sont eux qui ont le plus besoin d’aide. […] L’an dernier, c’était beaucoup les médiateurs qui allaient vers les élèves alors que cette année, il y en a un peu plus qui vont vers les médiateurs», ajoute Mme Isbister.
Elle assure par conséquent que ça responsabilise les élèves et ça augmente leur estime. La psychoéducatrice prend donc le temps d’écrire des lettres de référence pour ceux qui sont allés au secondaire.
À terme, elle souhaiterait que les médiateurs soient présents à tous les moments dans la cour, comme lors des dîners et lors du service de garde. Vanessa Isbister aimerait aussi avoir un coin de résolution de conflits utilisé aussi sans les médiateurs et protégé des ballons de soccer, entre autres.