La Verdunoise Karin Laviolette refuse de quitter son logement. La dame de 77 ans se bat contre son propriétaire, LS Capital Group, qui utiliserait différentes stratégies pour l’inciter à déménager afin de récupérer l’édifice de la 3e Avenue pour possiblement le convertir en condos.
Depuis un an, la moitié des logements sont vacants puisque les locataires sont partis volontairement. Ils auraient accepté des offres variables de quelques milliers de dollars du groupe immobilier montréalais pour libérer leur loyer.
«On est trois qui avons décidé qu’on ne voulait pas partir, parce que notre logement nous satisfait et puis j’ai emménagé [en juillet 2018]», raconte Mme Laviolette.
Elle dénonce la pression que lui impose le propriétaire qui a acquis le 6-Plex peu de temps après. Elle-même a reçu une offre de seulement 2 000$ pour briser son bail.
En collaboration avec le Comité d’action des citoyens de Verdun (CACV) et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), elle tente de mettre un terme à la situation. Une plainte conjointe avec ses deux voisins a été déposée à la Régie du logement. La cause sera entendue le 12 novembre.
Cauchemar
Mme Laviolette est scandalisée par la situation, d’autant plus que les problèmes ont commencé alors qu’elle revenait de l’hôpital après avoir subi une chirurgie cardiaque.
«J’ai essayé de me rétablir avec tous ses problèmes sur le dos. C’est un cauchemar depuis», s’exclame l’enseignante retraitée.
Un propriétaire ne peut reprendre un logement à n’importe quel moment, à moins d’obtenir le consentement du locataire. Selon les règles strictes de la Régie du logement, il ne peut se prévaloir du droit à la reprise s’il est propriétaire d’un autre logement similaire vacant ou offert en location dans les environs, comme ce que possède LS Capital Group.
Ce qui motive encore plus Mme Laviolette, c’est l’annonce de l’agence immobilière, qui affiche un «taux de succès du retrait de 95 % de ses locataires». «Ça m’a mise à terre», s’indigne-t-elle.
Lorsqu’elle a croisé Joseph Shaffer, un des actionnaires, la septuagénaire l’a confronté et la publication a été retirée du site Web.
Stratégie
Les propriétaires laisseraient l’édifice se détériorer en ignorant les nombreuses requêtes de réparations majeures, selon la Verdunoise. «Ils ne sont jamais venus me voir pour aucune demande», soutient Mme Laviolette, qui a eu des problèmes de tuyauterie récemment.
Les propriétaires auraient plutôt lancé la balle à la Ville de Montréal. Des inspecteurs sont finalement passés la semaine dernière. Un rapport n’a pas encore été soumis.
Mme Laviolette prétend aussi que LS Capital Group tente aussi de faire du harcèlement en réclamant à outrance le paiement de son loyer, dont les chèques ont pourtant été envoyés. «Heureusement, j’avais des preuves», raconte-t-elle.
Au moment d’aller sous presse, LS Capital Group n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.