Gisèle Petiquay est une citoyenne impliquée auprès du comité Jeunes autochtones du Bureau de consultation jeunesse (BCJ). Elle a récemment porté la reconnaissance et l’appui de l’organisme pour le Principe de Joyce. Après avoir eu un sentiment de honte pendant des années d’être autochtone, aujourd’hui, Mme Petiquay est fière de ses origines atikamekw.
Gisèle Petiquay s’intéresse depuis le début à l’affaire de Joyce, c’est-à-dire l’histoire d’une Autochtone, Joyce Echaquan, qui est décédée le 28 septembre à l’hôpital de Joliette dans des circonstances choquantes. «La première fois que j’ai vu la vidéo de Joyce, ç’a été un choc, et même plus que cela. C’est venu me frapper en plein fouet», relate Mme Petiquay.
Originaire de Manawan, Mme Petiquay a réalisé soudainement qu’elle avait aussi vécu de la discrimination dans les hôpitaux. Elle considère ne pas avoir été prise au sérieux par les professionnels de la santé et doute d’avoir toujours été soignée correctement en raison de ce manque de crédibilité qu’on lui accordait.
«C’est grâce à Joyce que je me suis dit qu’il faut que ça bouge et qu’il faut dénoncer cela», soutient-elle. Après avoir entendu le discours de Mme Petiquay, le comité Jeunes autochtones du BCJ a appuyé le Principe de Joyce, qui vise à garantir à tous les Autochtones le droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé.
Avec les membres du comité, Gisèle Petiquay a créé un filtre numérique à mettre sur sa photo de profil Facebook en appui à Joyce. Les personnes autochtones pouvaient avoir l’inscription «Je suis Joyce» sur leur photo et les allochtones avoir la mention «Je suis pour Joyce».
Racisme
Gisèle Petiquay a déjà habité à Joliette, ville où le drame de Joyce s’est produit, avant de s’installer à Montréal. Elle affirme qu’elle a vécu beaucoup de racisme à cet endroit. À son arrivée à Montréal il y a près de dix ans, elle ressentait surtout de l’ignorance de la population par rapport aux cultures autochtones. À titre d’exemple, elle indique s’être déjà fait demander si elle vivait dans un tipi et si elle se déplaçait en canot.
«J’ai de très mauvais souvenirs dans les hôpitaux et aussi dans les CLSC. Je me suis rendu compte que lorsque j’avais besoin d’aller à l’hôpital pour me faire soigner, j’avais peur d’y aller.»
Gisèle Petiquay
«J’ai eu un moment de déni d’être une Autochtone, mais un jour je me suis demandé pourquoi je devais avoir honte à cause des préjugés qu’on a sur les Autochtones», témoigne-t-elle.
Il y a présentement un changement dans la mentalité des gens, du moins à Montréal, estime Mme Petiquay. «Aujourd’hui, j’arrive à être fière d’être une Autochtone», soutient-elle. On s’intéresse davantage à ses origines, on lui demande d’où elle vient et on démontre de l’intérêt pour son parcours.
Continuer de militer
Le BJC a pour mission d’accompagner les jeunes dans leur cheminement et dans la mise en œuvre de solutions pour l’amélioration de leurs conditions de vie, et ce, dans une perspective de transformation sociale. Des centres du BJC se trouvent à Verdun, à Parc-Extension, à Laval et à Longueuil.
Mme Petiquay est impliquée plus précisément dans le comité Jeunes mères et le comité Jeunes autochtones du BCJ à Parc-Extension. Elle travaille présentement sur un projet en lien avec le drame des enfants autochtones retrouvés enfouis sur le site d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique.
Son objectif est de créer une bannière parsemée d’empreintes de mains de jeunes et d’adultes. Les membres du comité installeraient par la suite l’affiche devant le Parlement, à Ottawa. Le but est de sensibiliser les instances politiques aux enjeux autochtones.
Mme Petiquay compte continuer de militer pour les Autochtones. Elle tente aussi d’apprendre à son fils la langue atikamekw dont elle parle toujours couramment avec sa mère. Pour elle, il est important que la tradition linguistique de sa nation perdure au fils des générations.