Le rôle du sommeil paradoxal (REM) est crucial dans le bon développement de la mémoire. Dans une recherche de l’Institut Douglas sur le cerveau des souris qui a duré plus de cinq ans, l’étude des phases de la nuit où surviennent les rêves ont permis de comprendre l’activité des neurones.
«Quand on fait une activité et qu’on va se coucher, l’information est encodée dans le cerveau, plus particulièrement dans l’hippocampe. La cristallisation de l’information se passe en partie la nuit et nous avons démontré que c’est lors du REM», explique le docteur Sylvain Williams, chercheur et professeur titulaire de l’Université McGill.
Le sommeil est composé de deux phases, les ondes longues qui en constituent 75%, et le REM, la période de rêves, qui est très difficile à cerner puisqu’il ne dure que quelques minutes.
L’équipe du Dr Williams a réussi à isoler les neurones qui régulent l’activité de l’hippocampe, en particulier celles responsables de la création de nos souvenirs et qui se dérèglent dans la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs ont étudié des souris qui devaient se souvenir de l’emplacement de deux objets dans une boîte. Avec la technique de l’optogénétique, qui permet d’introduire dans des neurones des protéines qui sont sensibles à la lumière, ils ont pu constater que les souris dont ils perturbaient le REM pendant la nuit avec un faisceau lumineux, ne se souvenaient de rien le lendemain.
Ils ont ainsi pu conclure que lorsque le REM est perturbé, la consolidation de la mémoire à long terme est bloquée.
Avenir prometteur
Le cerveau des souris réagit de la même manière que celui de l’humain, tout en étant moins complexe. «On peut maintenant réfléchir à de nouvelles méthodes permettant de restreindre la maladie chez les souris et ensuite essayer la même chose chez les humains», souhaite le professeur.
Sylvain Williams est optimiste que d’ici 5 À 10 ans, ils pourrons essayer l’optogénétique sur des malades atteints d’Alzheimer. Avec la preuve que le REM est important pour la consolidation de la mémoire, les chercheurs doivent mettre le doigt sur le mécanisme de récupération de l’activité neuronale.
La maladie d’Alzheimer serait le résultat de la formation, avec l’âge, de plaques entre les neurones du cerveau.
Les données de l’étude du Dr Williams ont été publiées dans la prestigieuse revue américaine Science, la deuxième jamais publié par l’Institut Douglas.