La Régie des alcools, des courses et des jeux vient d’octroyer un permis à un bar dans le sous-sol d’un hôtel sur l’avenue Michel-Jasmin, à Dorval. Il ouvrira dans moins de deux semaines à 600 mètres du centre Ullivik, qui offre un hébergement et des soins médicaux à près de 8 000 Inuits par année.
En délivrant le permis, la Régie n’a pas estimé que l’ouverture du Resto Bar Archies entraînerait une augmentation de la consommation d’alcool ou de problèmes liés.
Le gérant, Achillies Vriniotis, n’est pas novice puisqu’il possède aussi le bar GA au centre-ville de Montréal, sur l’avenue Atwater. Celui-ci est géré par la famille Vriniotis depuis trois générations. Il est par ailleurs situé près de l’ancien centre pour Inuits, le Module du Nord. L’emplacement permettait au centre un accès rapide aux hôpitaux pour les Inuits. Il a été déplacé à Dorval, entres autre à cause de l’abondance d’alcools et de drogues qu’offre le centre-ville.
«Cet établissement est situé à 600 mètres du Centre Ullivik et vise spéciquement les Inuits», indiquent par voie de communiqué les responsables du centre Ullivik, qui portent en appel la décision de la justice. «De nombreux Inuits sont des survivants de traumatismes. Les politiques coloniales ont mené à des troubles de consommation, à des abus sexuels et à de la violence.»
Jointe par téléphone, la directrice Maggie Putulik ne souhaite néanmoins pas commenter le dossier.
Le gérant du bar se défend de cibler une clientèle inuite, car, selon lui, son nouveau commerce a été installé dans le but de répondre à la clientèle des hôtels avoisinants.
«Le centre a déménagé du centre-ville, or mon bar est toujours en centre-ville et il fonctionne», explique M. Vriniotis.
Cependant, le bar aurait fait de la publicité sur une page Facebook d’information pour la communauté inuite de Montréal, selon La Presse. L’information a été démentie par le propriétaire qui affirme ne pas savoir qui était derrière le message de publicité.
Un de plus
Jusqu’à présent plutôt isolé, le centre Ullivik inauguré en décembre 2016 était entouré d’un dépanneur à 500 mètres ainsi que d’un restaurant italien servant de l’alcool à 400 mètres.
«J’accueille entre dix et vingt clients inuits par jour, mais je ferme le bar de mon restaurant à 22h et j’assure une présence afin de veiller à ce qui n’y ait pas de débordements», indique Sergio Mercuri, le directeur du restaurant italien, situé à deux pas du Resto Bar Archies.
Ce dernier craint de voir arriver plus d’accidents à cause de la route située en bordure des deux bars, où ils voient souvent les voitures dépasser les limitations de vitesse.
«Nous avons remarqué une augmentation du nombre d’appels depuis l’ouverture du centre. Nous avons des préoccupations quant à l’arrivée de ce bar. Nous avons appuyé le centre Ullivik dans leur contestation de l’attribution du permis», explique Marc-André Dorion, chef du poste de quartier 5 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
La Cité de Dorval aurait simplement respecté son règlement de zonage qui autorise un établissement hôtelier à disposer d’un bar. «Pour ce qui est du permis d’alcool, nous ne sommes pas en accord avec la décision de la Régie», explique Sébastien Gauthier, chargé de communication pour la Cité.
Environ 1 400 cas d’intoxications ont été recensés par le centre lors de sa première année d’ouverture.