Lachine

COVID-19: épiceries achalandées à Lachine et Dorval

pénurie papier toilette

Le papier de toilette se faisait rare au Super C des Jardins de Dorval.

Pénurie de papier de toilette, stationnements surchargés et sentiment d’urgence: les épiceries à grande surface ont reçu un nombre inhabituel de clients vendredi matin, à Lachine et Dorval, en raison de la pandémie de la COVID-19. L’heure n’est toutefois pas à la panique selon le Conseil canadien du commerce de détail.

Au Super C situé dans le centre d’achat des Jardins Dorval, la file pour payer aux caisses se rendait jusqu’à la section des surgelées, en passant par la section de la boulangerie.

Les seules places de stationnement disponibles étaient situées à des dizaines de mètres de l’épicerie. L’inventaire de papier de toilette était restreint alors que les mouchoirs étaient en rupture de stock.

«Je veux faire des réserves au cas où je serais prise en quarantaine, nous explique une cliente, Ameda Canaj. Le coronavirus me fait peur, il a quand même fait des morts, et on n’a toujours pas de vaccin.»

D’autres clients pensent à leurs proches, qui reviennent de voyage. «Ma fille revient bientôt de New York, alors elle devra être en quarantaine pendant 14 jours, indique Kenny Finkesteil. On ne sait jamais, peut-être que toute notre famille devra être isolée.»

Au Metro de Lachine, sur la rue Remembrance, les mouchoirs et papiers de toilette se font rares. «Il y a trois fois plus de monde que d’habitude, mentionne le préposé au stationnement,Ali Hersi. Tout le monde se bouscule dans les rangées, c’est un peu fou.»

Limites

Le IGA de la 28e Avenue de Lachine limite l’achat de deux ensembles de papier hygiénique par client. «Notre but demeure de satisfaire le plus de clients possibles», justifie le gérant, André Fortin.

L’achalandage dans la succursale est similaire à celui de la veille de Noël. «On augmente nos commandes et nos effectifs sur le plancher, on ne peut rien faire d’autre», explique-t-il.

D’autres clients, sans égard au coronavirus, poursuivent leur routine en faisant leur épicerie le vendredi. Ils admettent n’avoir jamais vu les allées aussi achalandées à ce moment de la semaine.

«Je ne comprends pas, parce que le virus ne me fait pas paniquer, insiste Guy Charest. Il ne faut pas tous arrêter de vivre.»

Un autre client, Maurice Desnoyers, considère que les gens paniquent à cause de la couverture médiatique accordée au COVID-19.

«C’est un effet boule de neige, résume-t-il. Pendant ce temps-là, d’autres entreprises n’ont pas d’achalandage et vivront des moments difficiles.»

Vendredi midi, François Legault a confirmé lors d’une conférence de presse qu’il n’y aurait «aucune pénurie de nourriture au Québec» et que les livraisons de denrées se poursuivront normalement à travers la province.

Le Conseil canadien du commerce de détail abonde dans le même sens. «Les chaines ont commandé en fonction d’un achalandage normal, ce qui explique les tablettes vides. Elles seront remplies bientôt», assure le directeur des relations gouvernementales, Jean-François Belleau.

Des comportements de consommation normaux doivent être maintenus. «On comprend que les gens veulent faire des réserves, mais il ne faut pas oublier que les quarantaines sont d’un maximum de 14 jours. On demande aux clients de différer leurs heures de visite des épiceries», mentionne-t-il.

Angoisse

Le fait que le coronavirus soit imperceptible peut expliquer le vent de panique qui pousse les gens vers les magasins d’alimentation, selon le psychologue Pierre Faubert.

«Le verglas était visible alors qu’un virus, c’est sournois et invisible. Cela contribue à l’augmentation du sentiment d’angoisse chez les gens», mentionne-t-il.

M. Faubert déplore ce phénomène. «Ce n’est pas comme s’il y avait un missile nucléaire qui allait nous tomber sur la tête, indique-t-il. Les gens s’attendent à vivre isolés et par instinct de survie, ils vont s’acheter de la nourriture et papier de toilette. Cela répond à un besoin fondamental de se sentir en sécurité.»

Le psychologue recommande de prendre une pause pour retrouver ses repères. «Il faut prendre conscience que parfois comme être humain, on se comporte comme des moutons. Il faut prendre du recul », suggère Pierre Faubert.

En collaboration avec Annie Bourque. 

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